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paulhan. — l’erreur et la sélection

ganique, domaines qui d’ailleurs ne sont pas séparés nettement les uns des autres et se confondent plus ou moins.

I

Trois choses sont à considérer dans l’état psychologique de l’homme : 1° l’état de conscience actuel ; 2° les états de conscience passés et les tendances qu’ils ont laissées et qui sont actuellement représentées sans doute par un état inconscient du cerveau ; 3° les processus physiologiques qui peuvent arriver un jour à amener des faits de conscience, ou qui peuvent imprimer une direction particulière à d’autres processus accompagnés de phénomènes psychiques.

L’importance du rôle joué par les opérations inconscientes du cerveau est le grand obstacle qui s’oppose à la séparation complète de la psychologie et de la physiologie. Elles appartiennent à la fois aux deux sciences. Sans doute, quand l’opération physiologique est accompagnée d’un fait de conscience, on peut, en faisant ressortir la différence des phénomènes, renvoyer l’un des deux à la physiologie et garder l’autre pour l’étudier à part. Mais une action réflexe pure, par exemple, l’automatisme, et tant d’autres phénomènes de même genre ne peuvent être étudiés exclusivement par l’une ou l’autre science. La physiologie a naturellement droit sur eux, puisque ce sont des faits organiques ; et, si elle n’en tient pas compte, la psychologie ne peut opérer que sur des matériaux incomplets et n’arrivera qu’à formuler des lois imparfaites.

L’immense quantité d’expériences qui ont agi sur l’organisme de nos ancêtres ou sur le nôtre a déterminé certaines associations des faits de conscience et des faits physiques qui leur correspondent. Certaines de ces associations, fortifiées par la répétition d’expériences plus ou moins semblables à celles qui leur ont donné naissance, se sont consolidées et sont devenues presque indissolubles ; quelques-unes mêmes paraissent avoir fait place à un phénomène complexe où l’association n’est plus visible. D’autres associations, au contraire, n’offrent qu’une faible cohésion ; ce sont par exemple les hypothèses hardies, les théories un peu hasardées auxquelles leur auteur lui-même ajoute à peine foi. Entre ces deux extrêmes existe un grand nombre d’associations plus ou moins solides selon la quantité et la qualité des expériences qui, durant la vie de l’individu, de l’espèce, peut-être du groupe ou de l’embranchement, ont déterminé leur formation et leur persistance.

L’état psycho-organique d’un homme étant déterminé, que se passera-t-il si une nouvelle impression, si un nouveau fait de con-