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périodiques. — Journal of mental science.

obligée de réapprendre à lire, et elle dut commencer par l’alphabet ; de même pour récriture. Mais son éducation se fit beaucoup plus vite que celle d’une personne qui n’aurait jamais écrit.

Au bout de quelque temps, elle put chanter de ses anciennes chansons, jouer du piano, mais elle ne parut pas se rappeler avoir possédé ces arts auparavant. Quand on lui demandait où elle avait appris à lire la musique, elle répondait qu’elle n’en savait rien, et s’étonnait que son interrogateur ne pût faire la même chose.

Elle avait quelques idées générales d’une nature plus ou moins complexe qu’elle n’avait eu aucune occasion d’acquérir depuis sa guérison.

M. Mortimer Granville donne le résumé d’une observation à peu près semblable, et à propos de ces deux faits il essaye de donner la théorie de la rééducation du cerveau. D’après lui, la perte de la mémoire peut se présenter dans trois conditions : 1o  quand les cellules cérébrales sont détruites complètement ; 2o  quand les cellules sont partiellement altérées avec conservation du noyau ; 3o  quand il y a une simple suspension de fonction sans arrêt de nutrition.

Dans le premier cas, la perle de la mémoire est irrémédiable. Toutefois les fonctions du cerveau peuvent reparaître, parce qu’il y a une suppléance des autres parties.

Dans le deuxième cas, les noyaux peuvent être le centre d’une régénération de cellules qui auront les mêmes propriétés que les anciennes, mais qui devront peut-être être cultivées de nouveau.

Dans le troisième cas, la mémoire peut revenir instantanément.


JOURNAL OF MENTAL SCIENCE.

July 1869.

W. Ireland. Histoire de la névrose héréditaire de la famille royale d’Espagne. Etude approfondie, dont nous ne pouvons présenter qu’un résumé : elle embrasse une période de 350 ans, comprenant huit générations. L’auteur part de Jean II de Castille, marié à Isabelle de Portugal (1449). Son règne ne fut « qu’une longue minorité » (Prescott). Sa femme fut folle pendant plusieurs années. Elle eut pour fille Isabelle la Catholique. Celle-ci et son mari Ferdinand ne présentent rien d’anormal. Le caractère de leur fille Jeanne la Folle est minutieusement étudié par l’auteur. Contrairement à la thèse soutenue par Bergenroth d’après les Archives de Simancas, Ireland soutient la folie de Jeanne et emprunte à divers écrivains des documents sur ce sujet. Son fils Charles-Quint justifie l’adage « que la folie et le génie sont parents. » Le frère de Charles, Ferdinand, fondateur de la maison d’Autriche, a pour fils Maximilien, qui eut deux enfants à tendance névrotique, Rodolphe II et Ernest, etc., etc. — Revenons à la maison d’Espagne proprement dite. Charles-Quint nous ramène à Philippe II, à don Carlos, « que son père