résumé dans le De arcanis[1], où pourtant il dut introduire des connaissances acquises après coup et qui sont déjà de la science, l’action de la lune sur les marées[2], l’influence de l’alimentation sur les mœurs[3], etc. Ce fut dans cet essai qu’il commença à s’engouer d’une idée à laquelle depuis il revint sans cesse. On se rappelle le conte de sa mère sur les signes de naissance. Sa curiosité était restée ancrée à ce mystère de la physiologie. Bien d’autres philosophes avant lui s’en étaient préoccupés, au xvie siècle surtout, et tous, ou presque tous, y avaient vu un effet de l’imagination. C’est l’opinion qui a prévalu. Vanini a fait évidemment des efforts pour résister à cette explication. Dans l’Amphithéâtre, il a pris soin de faire remarquer que ces signes de nature ne sont pas propres à l’homme seul. Il cite, d’après les auteurs, certains fragments de matières inertes où étaient représentés des plantes, des animaux, jusqu’à des portraits d homme, entre autres celui de saint Paul ermite[4]. Lui-même il a vu à Naples, dans le musée de l’empereur Ferdinand, en compagnie du P. Argotti, carme, une pierre historiée de la figure d’un oiseau[5]. L’objection toutefois finit par lui paraître importune. Il l’écarta et se rangea sans y penser davantage à l’avis de ses devanciers[6]. Seulement, ce qui n’était chez ceux-ci qu’un expédient, devint chez Vanini toute une théorie sur la part que prend l’imagination à la création des êtres. On verra plus tard quelles bizarreries il en a tirées, par exemple comment il s’en sert pour produire artificiellement des chevaux verts[7] et aussi, les Épitres de saint Paul aidant, de parfaits chrétiens.
Ce dut être quelque temps après qu’il eut écrit ce traité de physique qu’il se décida à quitter Naples, pour aller continuer ses études à Padoue, où enseignaient alors le sceptique Crémonini et le grand Galilée[8]. Il semble qu’il ne se rendit dans cette antique et célèbre université que par un coup de tête. À la manière dont il parle de la méchante soutanelle[9] qui l’y abritait si mal contre l’hiver, on dirait qu’il eût dépendu de lui de vivre moins péniblement. Les religieux qui avaient instruit sa jeunesse avaient-ils espéré le retenir dans leur couvent ? Avaient-ils fait fond sur son éloquence naturelle, non pas tant nerveuse et forte qu’élégante et jolie[10], pour ajouter au lustre de leur ordre et donner un second au P. Bartholomeo Argotti, ce phénix des prédicateurs[11].Il est certain que Vanini a prêché[12] ; mais