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ANALYSESwundt. — Der Spiritismus.

les tribunaux de Londres (20, 27, 28 et 31 octobre 1876). Ce procès a fait en quelque sorte pénétrer le public dans les coulisses, et lui a même découvert quelques-unes de ces arrière-scènes de la vie, comme s’exprime Lucrèce, vitæ postscenia, sur lesquelles il ne convient pas d’insister ici.

Condamné à trois mois de prison, Slade en appela et resta en liberté sous caution. Le 29 janvier 1877, le procès se termina par un acquittement. Le médium s’éloigna de l’Angleterre et alla donner en Hollande des séances de spiritisme. Vers la fin de la même année, on le trouve à Berlin, où les procédés qu’il emploie pour en imposer aux dupes sont de nouveau dévoilés et même imités ; l’opinion publique, les journaux, surtout la Volkszeitung et la Post, puis d’innombrables lettres de dénonciations menaçantes, tout fait craindre à la police d’être impuissante à protéger cet étranger : elle l’expulse de Berlin (janvier 1878). Je dois ajouter que Virchow et Helmholtz, invités à examiner les « expériences » de Slade, refusèrent avec infiniment d’esprit d’assister à ces exercices. À Leipzig, au contraire, où il logea chez un ami de Zöllner, le médium devint aussitôt l’oracle de ce physicien, le démon familier de sa maison, où, presque chaque jour, des professeurs de l’Université vinrent s’asseoir autour de la petite table du spirite. Nous nommerons seulement, parmi les plus assidus, Weber, Fechner, Scheibner, Thiersch et Ludwig. Zöllner cite toujours, comme des témoins de la vérité des manifestations spirites, ses deux illustres et vénérables collègues, Weber et Fechner, âgés l’un de soixante-seize ans, l’autre de soixante-dix-neuf ans.

C’est aussi l’âge du professeur Ulrici (ce philosophe a soixante-quatorze ans), qui, trouvant dans les faits révélés par Slade aux naturalistes de Leipzig une éclatante confirmation de sa foi spiritualiste, a écrit, dans la Zeitschrift für Philosophie qu’il dirige, un long article dont on a déjà lu ici l’analyse. En cet article, G. Wundt avait été nommé parmi les savants qui ont assisté aux séances de Slade dans la maison de Zöllner. L’éminent physiologiste a tenu, on le conçoit, à ne point paraître partager la croyance de plusieurs de ces savants ; il a donc déclaré publiquement son sentiment sur les faits qu’il lui a été donné d’observer par lui-même. Tel est le sujet de la Lettre a Ulrici, que nous allons analyser. À son tour, Ulrici vient de répondre à cette Lettre dans une brochure dont nous dirons aussi quelques mots.

Notre rôle se bornera, en effet, à analyser ces curieux documents ; car, bien que les doctrines spirites retrouvent aujourd’hui une singulière faveur auprès de quelques savants considérables de l’Angleterre et de l’Allemagne ; quoique les noms de Zöllner et de ses amis de Leipzig et de Halle, de Perty, de Jean Huber[1], viennent allonger la liste

  1. On possède la preuve que, il y a un an, durant son dernier séjour à Paris, où il passa ses vacances d’automne, Jean Huber s’adonna avec ardeur à l’étude spiritisme sous la direction d’un des vice-présidents parisiens de la Société des études de psychologie. « Nous avons perdu en Jean Huber,