Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VIII.djvu/663

Cette page n’a pas encore été corrigée
657
ANALYSESlewes. — The study of psychology.

naturalistes au sujet des oiseaux et des insectes que les couleurs attirent demandent une réinvestigation. Les faits peuvent en certains cas s’expliquer par les différences d’éclat des objets, en d’autres cas par l’odeur propre des matières colorantes, » ainsi que l’a récemment conjecturé J. Lubbock (§ 101).

L’histoire n’est pas moins édifiante ; c’est le second champ d’expérience ouvert à la psychologie. « L’histoire déroule à nos yeux le palimpseste de l’évolution mentale. » C’est elle qui nous permet de suivre le développement des idées morales des premiers âges de l’humanité aux temps modernes, et qui par suite réconcilie la théorie de l’intuition à priori avec la doctrine expérimentale. Car, du moment où l’on admet que l’intelligence des animaux est une intelligence rudimentaire, nous pouvons aussi penser que les émotions de l’animal sont un rudiment de sens moral. Du reste, l’histoire nous prouve précisément que le sens moral n’est pas plus inné chez l’homme que le sens musical : il n’implique pas plus la conception du juste et de l’injuste que le talent musical n’implique la conscience d’une symphonie de Beethoven.

Après les faits, les causes ou conditions. Observer les hommes et les animaux, c’est étendre et contrôler les données de l’analyse subjective ; ce serait peu néanmoins, si l’on ne s’efforçait de ramener a leurs conditions, à la fois physiologiques et sociologiques, les événements complexes de la zoologie et de l’histoire. Cette décomposition des facteurs composants est, à proprement parler, le but de la science. Tant que la réduction du composé au simple n’est pas faite, nos observations ne nous découvrent que les symptômes des faits, comme on l’a signalé plus haut ; les anciens médecins, par exemple, classaient les maladies d’après leurs symptômes et, sous prétexte de guérison, s’attaquaient vainement à ceux-ci. Or il arrivait que des maladies dues à des causes très différentes présentaient les mêmes caractères saillants ; tel système curatif, excellent dans un cas, devenait désastreux dans un autre. Le mérite de là pathologie nouvelle est de rattacher les symptômes à des perturbations organiques (altérations de la structure ou de la fonction) ; la psychologie doit procéder de même et considérer davantage les conditions organiques, ce qui importe essentiellement en matière d’éducation et de maladies mentales. Ce n’est que par exception et sous les réserves indiquées précédemment qu’on s’en tiendra à l’aspect subjectif des faits.

Physiologie d’une part, sociologie de l’autre, voilà les deux pôles entre lesquels oscille toute explication causale de la psychologie. Ce que l’anatomie est pour le physiologiste, la physiologie l’est pour le psychologue. Imaginez que le physiologiste se borne à l’étude des faits saillants de la vie sans s’inquiéter de la structure profonde des organes : il conclura naturellement que les diverses classes de fonctions, respiration, digestion, locomotion, etc., sont dues à autant de principes ; indépendants. Il ne soupçonnera jamais que le mécanisme sentant tout