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ANALYSESlewes. — The study of psychology.

une large mesure, le mécanisme est inné ; l’expérience est acquise. L’organisme individuel, quoique modifiable, n’acquiert pas de nouveaux organes ; il acquiert seulement de nouvelles aptitudes. D’où la constance du type et la fixité des fonctions : tant que les organes sont soumis à des excitations uniformes, leur action est naturellement invariable. Ainsi les organes de reproduction et de nutrition présentent toujours le même fonctionnement ; une fois arrivés à maturité, leur structure ne s’altère pas sensiblement. Il en va tout autrement des associations flottantes du sensorium. Soumis à des excitations variables, combinées de mille façons, il acquiert de nouvelles aptitudes, de nouveaux modes de réponse ; il est par suite incessamment modifié, sinon dans sa structure élémentaire, du moins à quelque degré dans la disposition flottante de ses éléments. Il se forme ainsi une sorte de mécanisme spirituel, surajouté au mécanisme matériel. Voilà l’expérience du côté subjectif ; et du côté objectif, cela équivaut à un nouvel organe central. Nos principes impliquent qu’il y a là aussi une modification physiologique et une modification organique correspondantes ; mais la nature précise de ces modifications organiques est si complètement inaccessible à nos moyens d’investigation actuels qu’il vaut mieux s’abstenir de spécifier le fait objectif et se contenter de notre claire perception du fait subjectif. Ainsi, par exemple, tandis que la physiologie est totalement impuissante à définir les différences anatomiques et fonctionnelles qu’il y a de l’homme sauvage à l’homme civilisé d’une même race, la psychologie spécifie sans difficulté en quoi l’organisation spirituelle de s deux est remarquablement différente. » (§ 19.) Des fonctions animales aux facultés humaines la transition s’explique, subjectivement, par la « plasticité du sensorium ».

Ce genre d’explications subjectives, à défaut des autres, n’est du reste point particulier à la psychologie. « Quand une anomalie mentale, dit Lewes, ne peut être rattachée à une lésion définie du système nerveux (névrose), les pathologistes l’appellent une psychôse, comme si c’était une lésion de la psyché inconnue. De la même façon, les phénomènes normaux que nous ne pouvons assigner à des processus physiologiques définis sont appelés, par manière de distinction, psychologiques. Cela signifie que notre connaissance du fait n’est point complétée par celle du facteur. »

V. La méthode et les lois. — Sous ce litre, nous résumerons plusieurs chapitres sur la double méthode d’observation et sur la réduction des phénomènes à leurs causes physiologiques ou sociologiques.

Après les aveux de Stuart Mill et de Spencer, on ne s’étonnera pas que Lewes constate l’impossibilité de rejeter l’observation et l’analyse introspectives. Ce qui est plus intéressant, c’est de savoir si la conscience, comme le voulait Jouffroy, embrasse l’intégralité des phénomènes psychologiques. Lewes, qui distingue entre la conscience la subconscience et l’inconscience, qui range même les faits de cette dernière catégorie parmi les événements psychiques, proteste contre l’usage exclusif de