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ANALYSESlewes. — The study of psychology.

Ajoutons que c’est là le point de vue scientifique. Tant que l’on a considéré les procès psychiques comme entièrement distincts des procès organiques, l’application de lu physiologie à la psychologie, et des expériences psychologiques aux problèmes physiologiques, a été illusoire. On peut toujours craindre dans la fiction des deux horloges que l’une des deux se détraque et ne fournisse plus sur sa compagne que des indications fausses. La pensée moderne a opéré une grande révolution le jour où, avec Spencer, Bain, Fechner, Wundt, on a posé en principe que l’état mental et l’état organique sont, pour ainsi dire, « deux versions d’un même texte original ». Dès lors, on a vraiment cessé d’isoler l’homme de la nature et des animaux. Soyons reconnaissants à Cabanis et à Gall, malgré leurs erreurs ; ils ont ouvert la voie.

Maintenant distribuons leur rôle aux deux sciences : physiologie et psychologie. « L’esprit considéré comme sujet est la conception logique de certaines qualités groupées en classe ; si nous le traduisons en une conception physiologique, en recherchant de quel agent les phénomènes sont les actions, nous trouvons l’organisme. » En conséquence, la physiologie a pour objet l’étude des conditions organiques de production des faits ; la psychologie, elle, étudie les produits inséparables d’ailleurs de leurs conditions. Elle embrasse toutes les modifications du sensorium, tous les processus qui ont été, sont ou peuvent redevenir conscients. Ici évidemment, la physiologie est nécessaire : « elle seule peut nous révéler la manière dont s’opèrent des changements qui échappent à l’appréciation subjective ».

Nous touchons ici une question chère à G.-H. Lewes : celle de l’inconscient. Selon lui, en effet, la sensibilité est une propriété générale de l’organisme, une propriété histologique. Le tort des psychologues est d’admettre une entière équivalence entre les deux termes : conscience et sensation. « Objectivement, comme fait vital, nous savons qu’une sensation est une force incluse dans l’organisme, une condition de mouvement, un élément composant d’un résultat conscient, lequel élément, soit distingué par la conscience, soit complètement absorbé dans la résultante, a le même effet vital et psychique. Et cette force, ce composant sensible qui se trouve en dehors du cercle de l’introspection, on peut prouver expérimentalement qu’il est là dans une opération actuelle, et on peut expérimentalement l’introduire dans le champ de l’introspection. » La psychologie, dont on a trop restreint le domaine jusqu’à présent, est donc l’étude des faits de sensibilité. La sensibilité, c’est proprement l’activité du système nervoso-musculaire ; la conscience n’en est qu’un mode particulier. Le sensorium commune étant la somme de tous les centres nerveux, il est vrai au double point de vue physiologique et psychologique que c’est « nous » qui sentons, et non quelque organe particulier ; mais ce t nous » désigne l’ensemble des sensibilités de l’organisme pris en entier. Cessons de faire de l’antithèse de « conscient et inconscient » l’équivalent de « mental et physique ». Il est plus juste de dire avec Maudsley : « La partie la plus