Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VIII.djvu/655

Cette page n’a pas encore été corrigée
649
ANALYSESlewes. — The study of psychology.

existences dont le reste des sciences s’occupe. » Cette antithèse du subjectif et de l’objectif, dit Lewes, peut servir à distinguer la physiologie de la psychologie ; mais elle ne fait pas de la psychologie une science complètement opposée aux autres, par la simple raison que celles-ci traitent pareillement de phénomènes ayant ce double aspect. Ainsi les mouvements des corps célestes, ceux des minéraux et des gaz, ceux des corps organiques sont des aspects objectifs de nos affections sensorielles. Le psychologiste, il est vrai, peut avoir à expliquer comment telle série d’états sentis prend rapidement le rang de signes objectifs, en étant de moins en moins rapportés au sujet sentant et de plus en plus à la chose sentie. C’est là proprement la théorie de la connaissance ; à cet égard, sa science est bien unique, puisqu’au lieu de classer les faits de connaissance elle cherche comment se forme la connaissance. Mais la psychologie est plus que cela : elle est la vérification et la classification des faits de sensibilité dans leurs relations à la fois subjectives et objectives. Et, puisqu’en définitive toutes les sciences s’occupent de faits sentis (feelings), ce n’est pas la présence de la conscience qui fait des phénomènes de la psychologie ceux d’une science unique ; c’est la particularité du point de vue, ces états de conscience étant considérés proprement comme états de conscience, pour être classés et systématisés à ce titre (§§ 44-50).

En somme, la psychologie n’est qu’une branche de la biologie : 1o  parce que, en thèse générale, tous les phénomènes ont le double aspect objectif et subjectif ; d’où il suit que les sciences physiques ne sont point absolument isolées des sciences morales ; 2o  parce que, dans l’espèce, de l’aveu de tous les biologistes, il est impossible de séparer la sensibilité de la vie, la conscience de la sensibilité, et qu’ainsi l’esprit, loin d’être étranger au reste du monde, est une fonction de l’organisation.

III. Rapports de la psychologie et de la physiologie. — Cette question n’a été jusqu’à présent inextricable qu’en raison des hypothèses sur le corps et sur l’âme auxquelles on l’a mêlée. Nous existons comme objets perceptibles à nos propres sens et aux sens des autres hommes ; comme sujets aussi, en tant que nous percevons les objets ou que nous sommes conscients de nos modifications. Solidité, forme, couleur, pesanteur, mouvements du corps, voilà le moi objectif, visible ; sensations, idées, volitions, voilà le moi intelligible et subjectif. Remarquez bien qu’à s’en tenir aux faits la distinction du corps et de l’esprit ne repose pas sur une autre base. Mais laissez faire l’imagination métaphysique ; elle proclame que le moi intérieur est le régent et peut-être même l’agent créateur du moi visible, c’est-à-dire que l’organe est créé par la fonction. Au corps, elle assigne un principe vital ; elle enchaîne l’esprit à un principe psychique, à ce quelque chose qui, selon l’expression d’Hamilton, « est derrière les phénomènes ou dessous ». Expression qui ne peut signifier que deux choses : ou les conditions immédiates dont les phénomènes sont les fonctions, ou les