Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VIII.djvu/621

Cette page n’a pas encore été corrigée
615
richet. — de l’influence des mouvements

ennui : cet ennui inconscient deviendra conscient par suite du mouvement qu’il aura provoqué et qui aura été distinctement perçu.

Mais ce ne serait pas attribuer au sens musculaire une importance suffisante que de lui assigner le rôle de donner à l’esprit la conscience des mouvements et des attitudes du corps. Il faut encore admettre que, parmi les sensations musculaires, il en est beaucoup qui ne sont pas perçues et qui, arrivant aux centres nerveux, ne pénètrent pas jusqu’à la conscience. Ces sensations inconscientes modifient nos pensées et nos sentiments, sans que nous puissions nous en rendre compte. En définitive, l’état de l’esprit est (au moins en grande partie) le résultat des excitations extérieures, et, parmi ces excitations extérieures, le sens musculaire occupe une place très importante.

Je suis convaincu qu’après que l’attention aura été appelée sur ce point, il se trouvera des observateurs ingénieux et perspicaces pour analyser cette influence des mouvements, soit automatiques, soit communiqués, sur la production des idées et des sentiments. Mon but n’a pas été de traiter la question, mais seulement de l’indiquer.

Charles Richet.