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NOTES ET DOCUMENTS

DE L’INFLUENCE DES MOUVEMENTS SUR LES IDÉES


M. Ribot ayant récemment appelé l’attention sur le rôle psychologique des mouvements[1], il ne sera peut-être pas inutile d’exposer certains faits qui peuvent servir à éclairer cette importante question.

En effet, tout n’est pas dit lorsqu’on a expliqué l’influence des nerfs et des centres nerveux sur le mouvement, car les muscles ont des nerfs sensitifs, centripètes, de sorte que chaque contraction musculaire provoque une excitation nerveuse qui remonte aux centres et peut produire soit un mouvement réflexe, soit une sensation consciente (perception) ou inconsciente.

Nous ne nous occuperons pas ici des mouvements réflexes, mais seulement des sensations provoquées par les mouvements.

Trois cas peuvent se présenter : en effet, le mouvement musculaire dont la notion est transmise aux centres nerveux peut être un mouvement voulu, réflexe ou communiqué.

Lorsque je fais un mouvement, quand j’écris ces lignes par exemple, ce mouvement est voulu, et j’ai conscience à la fois de l’effort musculaire que je fais et des mouvements accomplis par mes muscles de l’avant-bras et de la main. Par quelle voie ces contractions musculaires reviennent aux centres nerveux, c’est un point que je n’examinerai pas, car cette étude m’entraînerait loin du sujet que je me propose de traiter ici. Il suffira de rappeler le fait.

Dans un second cas, le mouvement n’est pas voulu, mais réflexe. Par exemple, si l’on approche vivement un objet de mes yeux, immédiatement mes paupières se fermeront, et ce mouvement réflexe sera perçu de la même manière que si j’avais réellement voulu fermer mes paupières. Dans les deux cas, la notion du mouvement, soit réflexe, soit volontaire, arrive aux centres nerveux, et très probablement par l’intermédiaire des nerfs sensitifs du muscle.

  1. Voyez, dans la Revue philosophique, le numéro du 1er octobre 1879.