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HISTOIRE CRITIQUE

DE

JULES CÉSAR VANINI

DIT LUCILIO


Une histoire critique est mie histoire qui veut être vraie, ou, plus ordinairement, une histoire probable, différente de celle qui a cours. Si elle est seulement savante, elle est semée de renvois au bas des pages ; mais, si elle n’est que conjecturale, elle en est hérissée. Le public sait cela : aussi commence-t-il à douter de la vertu probative des citations. Il ne s’abandonne plus avec autant de quiétude à son goût, pourtant très vif, pour les paradoxes historiques. Non pas qu’il suspecte la sincérité de ceux qui les font ; mais il est en garde contre leur facilité à se duper eux-mêmes et à se griser de leur propre ingéniosité. Les notes ne suffisent plus à l’encourager à quitter le fonds solide des traditions accréditées ; il ose moins s’aventurer sur des terres émergées d’hier, qui peuvent s’abîmer au premier jour ; et, à vrai dire, il n’a par devers lui aucune raison de prendre parti pour des opinions nouvelles qui n’ont, après tout, d’autres cautions que des recherches peut-être mal conduites et des témoignages encore non contrôlés.

Je voudrais pourtant bien prémunir contre cette méfiance trop naturelle ceux qui liront cette étude, où Vanini va cesser d’être ce qu’il a été jusqu’ici dans toutes les biographies.

Qu’ils se rassurent : Vanini mourra, ici comme ailleurs, à Toulouse, sur la place du Salin ; il sera traîné sur une claie ; il fera ou sera censé faire amende honorable devant l’église Saint-Etienne ; il aura la langue coupée ; il sera ensuite étranglé ; puis son cadavre sera brûlé, et le bourreau en jettera les cendres au vent. L’arrêt du 9 février 1619 restera ce qu’il est, on ne le changera pas, mais on en tirera tout ce qu’il contient. Par suite, l’athée, le blasphémateur qui y est