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ANALYSESeucken. — Geschichte der phil. Terminologie.

sive. C’est ce procédé qu’il emploie à l’égard d’une multitude de termes, où s’était révélée la sagacité de l’esprit pendant tant de siècles et qu’elle s’était complue à distinguer. Lui se borne à les juxtaposer comme ayant parfaitement la même signification. Nous trouvons par exemple comme équivalents : notiones sive idæ, idæ sive cogitatio, res sive substantia. natura sive essentia, corpus sive materia, res corporales sive physicæ, res immateriales sive metaphysicæ, intellectualis sive cogitativus, formæ sive species, formæ sive attributa, mens sive anima, intelleclus sive ratio, realitas sive perfectio, est sive existit, et une foule d’autres. Peut-on combattre avec une arme plus tranchante la subtilité scolastique que parce sive ?

« Il est cependant plusieurs de ces distinctions qu’il efface à la suite d’un examen plus attentif. Ainsi, il ne veut pas laisser subsister la distinction de rationis ratiocinantis, aut rationis ratiocinatæ, non plus que la différence de l’amour de bienveillance et de l’amour de concupiscence (amor benevolentiæ et concupiscentiæ), ni celle de facultas et de potentia. Il n’y a pour lui qu’un mode de mouvement, le mouvement dans l’espace, qu’une matière de l’univers, etc.

« Beaucoup de notions fausses ou inutiles sont ainsi mises de côté, et la voie est ouverte par là à de nouvelles créations. Plusieurs distinctions, sans doute, sont rejetées, qui n’étaient pas sans raison et qui, plus tard, reprendront leur valeur. Mais, en y regardant de près, on trouve qu’ordinairement ces termes prennent un autre sens que celui qu’ils avaient auparavant, et que le procédé radical de Descartes n’était pas à blâmer. Le langage devait être une bonne fois délivré des liens de la scolastique, pour qu’on pût reprendre à nouveau, sans préjugé, le passé, et que sa transformation fût possible.

« Mais on ne peut méconnaître qu’il n’y eût au fond dans toute cette entreprise de notre philosophe un intérêt spéculatif tout particulier. Dans les systèmes scolastiques, ces subtiles distinctions avaient précisément pour effet de faire disparaître l’enchaînement vivant des choses. Les idées étaient comme étendues et péniblement juxtaposées en dehors les unes des autres, sans découler de leurs sources originelles. C’est de ce côté que se porte le grand sens de Descartes. Il voit que la multiplicité des objets doit être ramenée à des forces simples, celles-ci elles-mêmes conçues d’une façon claire et distincte. Le multiple dès lors, n’étant qu’une modification du simple, doit être saisi d’une façon génétique.

« De là naissent pour le travail philosophique spéculatif des problèmes essentiellement nouveaux. Il s’agit d’abord de trouver des idées fondamentales qui embrassent tout, qui pénètrent tout. Celles-ci devront sans doute ensuite se spécifier ; mais toute la diversité des objets a sa source dans la situation et les rapports des choses. Nulle part ils ne doivent être placés comme indépendants les uns des autres, arrêtés et fixés. La distinction par conséquent passe en seconde ligne ; elle ne doit pas être conçue comme venant de l’apparence extérieure (Erscheinung), mais des forces fondamentales elles-mêmes.