Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VIII.djvu/547

Cette page n’a pas encore été corrigée
541
ANALYSESeucken. — Geschichte der phil. Terminologie.

a voulu faire et ce qui est à lui, c’est une œuvre d’ensemble, éminemment philosophique. Son but a été de retracer en traits généraux la marche et le développement de la terminologie philosophique à travers les grandes époques et dans les principaux systèmes de la philosophie ancienne et moderne.

À ce premier travail, il en a joint un second, moins étendu, mais dont on ne peut méconnaître l’intérêt et l’utilité, sur la méthode à suivre pour continuer et compléter ce que lui-même a commencé. Son livre se compose, en effet, de deux parties. La première, intitulée : Histoire générale de la terminologie philosophique, est la principale. La seconde contient des observations sur l’histoire des termes particuliers.

L’espace ne nous permet pas de donner un aperçu même très général de cette importante publication. Nous dirons seulement qu’elle offre les mêmes qualités que nous nous sommes plu déjà à reconnaître dans un travail antérieur, dont nous avons rendu compte dans cette Revue sur les Idées fondamentales du temps présent (octobre 1878). Malgré ce que cette esquisse a nécessairement d’incomplet, on ne peut contester que ce ne soit dans l’ensemble et toutes ses parties l’œuvre d’un esprit très distingué et comme philosophe et comme érudit. Son impartialité ne va pas, sans doute, jusqu’à se désintéresser complètement des doctrines dont il étudie la forme d’expression dans les termes techniques qui servent à les fixer. Sans afficher ses opinions propres, qu’il doit exposer plus tard, il laisse apercevoir clairement ses tendances, et celles-ci sont, on peut le dire, en harmonie parfaite avec la tâche qu’il a entreprise. À la fois idéaliste et réaliste, mais avant tout pénétré de l’esprit critique qui caractérise l’époque actuelle, on voit qu’il cherche à concilier les directions opposées qu’a suivies la raison humaine à toutes les époques et qui sont marquées dans la langue philosophique comme dans la science elle-même. Il fait une grande part à l’expérience, mais aussi une part non moins grande aux procédés natifs et spontanés de l’intelligence, aux idées directrices qui président au mouvement général de la pensée humaine.

Un pareil livre ne se laisse pas analyser. Ce serait tracer l’esquisse d’une esquisse, ce qui n’offre aucun intérêt. Nous aimons mieux en détacher une partie qui donnera l’idée exacte de la valeur de ce travail. Nous choisirons les pages consacrées à Descartes et à sa terminologie. C’est un des points que l’auteur nous paraît avoir traités avec le plus de soin et d impartialité. Ces pages méritent d’autant plus de fixer notre attention que, chez nous, c’est plutôt le style de Descartes comme écrivain que sa langue philosophique proprement dite, qui a été spécialement étudié. Certes, on a eu raison d’en relever les mérites supérieurs. Mais le Discours de la méthode, considéré comme un des grands monuments de notre langue, a trop sous ce rapport peut-être concentré sur lui le regard de la critique au point de vue littéraire. Il n’est pas pour nous sans intérêt de voir apprécié à son tour dignement et comme il le mérite, par un Allemand, le côté technique ou abstrait