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tique, tâche qui n’est pas sans difficultés, quand l’explication des phénomènes physiques a pu conduire, à cet égard, à des suppositions parfois contradictoires. Faut-il considérer ce milieu comme continu, faut-il le supposer au contraire discontinu et formé d’éléments ultimes semblables ou dissemblables à ceux de la matière soumise à la gravitation ? Ces questions pourront rester pendantes longtemps encore.

D’autre part, il faut préciser le mode de transmission de la force vive au contact. Si, pour le milieu, on adopte, par exemple, la seconde hypothèse, celle qui, semble-t-il, est le plus en faveur, cette transmission se fait par choc entre les atomes. Or ceux-ci peuvent être supposés sans dimensions ou occupant un certain volume. Dans le premier cas, comme on ne peut supposer que les points matériels arrivent à coïncidence, on est obligé d’entourer chacun d’eux d’une petite sphère dans les limites de laquelle se retrouvent ces forces à distance que l’on voulait bannir. Le choc dure nécessairement un certain temps pendant lequel chaque point matériel reste dans la sphère de l’autre, sa vitesse se modifiant graduellement de la valeur initiale à la valeur finale ; car il ne peut y avoir de saut brusque ; pendant ce temps, la conservation de la force vive n’a plus lieu pour les deux atomes qui se choquent. La loi n’est applicable qu’au moment où l’action à distance a cessé. Or combien durera le temps du choc ? Dans cet hiatus, si petit qu’il soit, entre les époques où les vitesses sont données, avant et après, la moindre indétermination suffit évidemment pour rompre la chaîne fatale de l’aveugle nécessité.

Si l’on suppose que les atomes occupent un certain volume, on peut répéter absolument les mêmes observations. Si petits qu’ils soient, on n’a en effet aucun motif à alléguer pour attribuer à leur choc des particularités contraires à celles de l’expérience sur les corps sensibles, où l’on constate la non-instantanéité et la déformation momentanée.

Au reste, quoique le choc soit un phénomène familier, tandis que l’action à distance n’est connue que par une conclusion qui peut ne pas avoir de valeur objective, on ne peut nier que l’essence du phénomène ne soit complètement obscure et aussi inexplicable en soi que l’action à distance. Cette dernière se soumet facilement à l’analyse mathématique ; il n’en est pas de même du choc en dehors des cas très simples. Aussi ne pourra-t-on jamais se passer des actions à distance, quand même on leur refuserait définitivement toute existence objective.

Quant à la question de la détermination absolue ou non de la série