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tannery. — la théorie de la connaissance

d’autre part, étaient suffisantes pour que l’on admît par induction que la chaleur correspond à un mouvement vibratoire plus intime, dont les variations de force vive sont indiquées par les variations de la température.

La chaleur, considérée comme mouvement, permettait de passer facilement aux phénomènes électriques, lumineux, chimiques, biologiques. Partout où l’on croyait voir auparavant des forces créant ou annulant des forces vives, on reconnut qu’on pouvait admettre des mouvements et des échanges de forces vives au contact. L’hypothèse prit corps ; tout apparut soumis à la loi de conservation de la force vive ; nulle part une force objective produisant un travail ; mais le passage constant de la force vive apparente dans les vitesses appréciables aux sens, à la force vive supposée dans les mouvements intra-moléculaires, et réciproquement. Un corps quelconque put dès lors être considéré comme un magasin de force vive dont on pouvait disposer sous certaines conditions, et on démontra, par exemple, que cette force vive emmagasinée dans les mouvements intra-moléculaires est énorme pour les gaz, eu égard à leur masse[1].

Une exception, très importante il est vrai, restait cependant irréductible ; la gravitation universelle s’exerce à distance et produit des changements de force vive au moins périodiques ; mais on ne pouvait s’arrêter ; l’existence d’un milieu doué de propriétés hypothétiques, comme l’éther, ayant été admise pour l’explication des phénomènes lumineux, rien n’était plus commode que de considérer également ce milieu comme le magasin où s’accumule et se reprend, comme force vive actuelle, l’énergie potentielle correspondant aux déplacements relatifs des masses gravitant. La même explication valait également pour les attractions et répulsions à distance des forces électriques et magnétiques. Bref, on admit que les ondulations d’un milieu devaient servir à expliquer les effets à distance constatés par l’expérience, et que la loi de la conservation des forces vives actuelles ne souffrait aucune exception.

Cette hypothèse semblerait, à première vue, exclure toute indétermination, comme le fait le théorème de la conservation de l’énergie, mais il n’en est rien. Ce dernier correspond à une conception précise de la matière et des forces : de l’autre côté, tout reste jusqu’à présent dans le vague.

L’explication mécanique du monde y nécessite, en effet, d’une part qu’on détermine les propriétés à attribuer au milieu hypothé-

  1. Remarquons, à ce propos, qu’il est inexact de répéter que la chaleur solaire a été emmagasiné dans le charbon de terre, lors de la formation des couches de houille ; on devrait dire ; dans l’oxygène qui sert à la combustion.