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science, il a surtout songé à fixer les limites de la pensée, à lui révéler son impuissance, et il occupe une grande place dans les annales de la philosophie critique, comme continuateur de Locke et comme ancêtre de Kant. Mais il n’a pas cependant borné ses efforts à cette critique négative. La philosophie n’a pas été seulement pour lui « une discipline destinée à limiter la connaissance » ; elle a été « un instrument pour l’étendre », pour l’étendre au moins dans le domaine des faits psychologiques, décrits avec précision, reliés les uns aux autres, ramenés à leurs éléments simples après avoir été saisis dans leur complexité. Son nom est avant tout lié aux destinées de cette psychologie descriptive, analytique, qui tient à ne se perdre ni dans les spéculations de la métaphysique, ni dans les dissections de l’anatomie, qu’on ne peut plus se contenter de nos jours d appeler la psychologie sans épithète au milieu de tant de pseudo-psychologies, et qu’il conviendrait peut-être d’appeler la psychologie mentale, comme on dit la vérité vraie. C’est bien cette science qu’il prétendait inaugurer et fonder dans le Traité de la nature humaine, comme le prouvent ces paroles, qui assurément n’ont rien de sceptique : « Nous devons glaner des observations nombreuses par une étude attentive de la vie humaine, et recueillir les faits comme ils se présentent à nous dans le cours ordinaire de l’existence, en examinant la conduite des hommes dans la société, dans les affaires et les plaisirs. Le jour où les observations de cette espèce auront été judicieusement rassemblées et comparées, nous pourrons nourrir l’espoir de constituer avec ces faits une science qui ne sera pas inférieure en certitude et qui sera peut-être supérieure en utilité à toute autre science de compétence humaine. »

G. Compayré.

    qui part de Hume et de Hartley, pour se souder à Stuart Mill, à MM. Bain et Spencer, n’est devenu associationiste que sous l’influence de Hartley. Le renom de scepticisme qui enveloppait Hume a longtemps empêché qu’on allât chercher dans ses écrits les théories psychologiques qu’ils contiennent.