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compayré. — du prétendu scepticisme de hume

sion parfaite un instrument dont il était presque le premier à se servir ; mais il s’en faut qu’il ait ignoré les lois essentielles de l’observation et de l’expérience. Ces lois, personne, avant Stuart Mill, ne les a mieux déterminées que ne l’a fait Hume dans le chapitre intitulé Règles pour juger des causes et des effets. On y trouvera, au moins exprimées et entrevues, les quatre méthodes que Stuart Mill a rendues célèbres sous les noms de méthode de concordance, de différences, des variations concomitantes, des résidus.

À en croire une opinion qui semble de nos jours se généraliser, il serait impossible de devenir psychologue, si l’on n’avait pas commencé par être physiologiste. M. Huxley le proclame avec quelque emphase : « Les laboratoires sont les vestibules du temple de la philosophie, et ceux qui n’ont pas commencé par y offrir des sacrifices et y subir les cérémonies de la purification ont peu de chances d’être admis dans le sanctuaire. » M. Huxley oublie que le héros de son livre, que Hume lui-même, auquel il accorde avec raison un des premiers rangs parmi les penseurs du xviiie siècle, n’était rien moins qu’un physiologiste. Il est donc permis de discuter la valeur de ce prétendu axiome de logique scientifique qui fait des études physiologiques l’initiation nécessaire des recherches de psychologie. Sans doute, on sait de reste ce que le psychologue peut y gagner, soit comme habitudes d’observation précise, soit comme renseignements positifs sur les circonstances matérielles qui accompagnent les phénomènes de conscience. Mais, d’autre part, n’est-il pas à craindre que le physiologiste devenu psychologue n’abuse des souvenirs de ses études antérieures pour sacrifier le moral au physique, et pour remplacer par quelques indications psycho-physiologiques la description propre des opérations mentales et l’analyse des lois qui les régissent ?

C’est une tendance trop générale de notre temps et trop peu combattue que celle qui consiste à décrier la vieille psychologie et à la considérer comme une sorte de littérature superficielle et ennuyeuse. Cependant, sans parler de nos maîtres français, cette psychologie de l’observation intérieure, cette psychologie du dedans, est précisément celle de Locke et de Hume, dont l’autorité ne peut être suspecte. On dit qu’elle n’a pas de méthode : n’en est-ce donc pas une que l’observation expérimentale, appliquée aux témoignages directs de notre propre conscience ou aux manifestations si variées de toutes les consciences humaines ? On dit que son objet, séparé de ses antécédents physiologique, n’est qu’une abstraction : quoi de plus réel pourtant, de plus concret que les faits du monde moral, étudiés soit dans les consciences anormales, chez les fous, soit dans les cons-