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qu’il en soit, voici comment la volonté peut s’expliquer. L’impression sur l’organe produit par réflexion une contraction musculaire. L’impression et le mouvement viennent se peindre chacun en un point déterminé du cerveau. Figurons-nous maintenant que le point où l’impression est peinte soit excité par une cause étrangère qui vient ainsi y provoquer un souvenir, et que cette excitation se fasse sentir jusqu’au point où s’est peint le mouvement dont l’image est ainsi reproduite : nous pourrons dire que le mouvement est voulu, et le mouvement se propageant de ce point au muscle par la même route que l’image du mouvement avait suivie en sens inverse pour s’imprimer dans le cerveau, sera dit volontaire. Il ne faut pas, en effet, perdre de vue que l’on ne peut vouloir que ce que l’on a déjà éprouvé. À ce propos je relève ce paradoxe subtil, mais profond, digne d’être médité par tous ceux qui s’attachent à sonder le problème de la liberté : c’est que, si les actions logiques nous apparaissent comme nécessitées, à plus forte raison les actions illogiques doivent être jugées telles, car il va de soi que, comme chacun préfère agir logiquement quand il le peut, c’est malgré lui qu’il agit illogiquement.

Voyons comment tout ceci se rattache à la théorie des jugements concernant les choses extérieures.

Parmi nos perceptions internes les plus importantes, il faut compter celles des rapports des représentations entre elles. Quand je dis : les chevaux courent, j’énonce un rapport qui est non seulement pensé et exprimé, mais pensé et exprimé comme conforme à la réalité extérieure. On a fait une différence entre les qualités premières et les qualités secondes de la matière, et l’on a dit des unes, telles que l’étendue, la figure, le mouvement, le repos, l’impénétrabilité et le nombre, qu’elles sont objectives ; des autres, telles que la couleur, l’odeur, le goût, etc., qu’elles sont subjectives. Berkeley nie le fondement de cette distinction. Cependant, dit M. Stricker, je puis admettre sans aucune peine que ce qui correspond en dehors de moi à une sensation de couleur ne soit pas de la couleur, mais je ne puis penser que ce ne soit pas le mouvement et la résistance qui, en dehors de moi, correspondent aux idées que j’ai du mouvement et de la résistance ; ces idées sont impliquées dans celle de matière, tandis que les idées de couleur, d’odeur, etc., lui sont simplement appliquées.

C’est le processus musculaire qui nous conduit aux idées de mouvement et de résistance et à celles qui en dérivent (volume, masse, vitesse, temps, lieu, etc.), et, à cet égard, elles sont quelque chose de subjectif ; mais nous ne concevons pas qu’à ce subjectif ne réponde pas une réalité analogue. Appelons relations de la matière