du cerveau, il va aussi loin que les nerfs sensitifs. C’est là une assertion prouvée par ce fait que les malades acquièrent des connaissances anatomiques. Imaginons un bassin rempli d’eau d’où partent horizontalement des tubes terminés par des têtes de pipe dans lesquelles l’eau du bassin arrive. Si l’on jette de petits cailloux dans les têtes de pipe, l’onde se propagera jusque dans le bassin, mais s’y montrera notablement affaiblie. Nous verrons l’agitation à la surface du bassin et de la tête de pipe, mais non dans le tuyau de communication. Voilà l’idée que nous pouvons nous faire du cerveau, des organes de sens et de leurs rapports.
Nous sommes portés à considérer une perception pour directe, réelle et objective, lorsque la conscience de ce qui se passe aux terminaisons périphériques des nerfs se met à l’avant-plan. Cette faculté de projection a été acquise peu à peu ; mais, une fois acquise, nous projetons au dehors, en vertu d’elle, la cause de toute excitation des extrémités nerveuses périphériques, et nous attachons à la prépondérance de leurs phénomènes l’idée que nous sommes sous l’action d’une cause en dehors de nous et que nous percevons une chose extérieure. Mais nous nous trompons souvent. Les songes nous en donnent tous les jours la preuve. Où donc est le critérium de la légitimité de ce jugement d’extériorité ? C’est ce que nous verrons plus loin. En attendant remarquons qu’une image illusoire est de sa nature exclusivement personnelle, tandis qu’une image objective peut être commune à plusieurs. Il y a là un premier critérium tout pratique.
Les images normales de souvenir ne sont rien de plus que la reproduction des impressions sensibles. Les autres — par exemple, l’image d’une Vénus de Milo à cheval — sont « fantastiques », elles contiennent plus que ce qui a été réellement perçu. Telles sont les figures des rêves.
Ces idées-là s’associent que l’on a en même temps. De ces associations, les unes sont séparables, les autres pas. Je puis séparer l’image d’une salle de spectacle de celle de ses spectateurs, mais je ne puis en distraire l’idée de lieu ou d’étendue.
Parlons maintenant des illusions des sens. Il y a une différence entre les hallucinations — par exemple, celles que l’on a au moment où l’on s’endort — et les rêves. Dans les rêves, il y a d’abord un changement de scène, je suis dans un lieu fictif, je n’ai nulle connaissance de ce qui m’entoure et, si j’en reçois quelque impression, je la fais servir à ma fiction et la tisse dans le rêve. Ensuite, il n’y a pas qu’illusion dans le rêve. Si je rêve de brigands et que je sois saisi de crainte, cette crainte est réelle et logique, et parfois elle