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PÉRIODIQUES. — Philosophische Monatshefte.

logique. L’attention donnée aux sciences de la nature et à leurs diverses méthodes, la clarté des définitions, l’opposition décidée contre les excès de la spéculation transcendante et des méthodes à priori, la tendance à revenir aux conclusions essentielles du kantisme se retrouvent dans Schuppe comme dans Lotze et Sigwart. Mais, tandis que ces derniers se bornent à appuyer la logique sur la métaphysique et la théorie de la connaissance, Schuppe mêle et confond perpétuellement la première avec les deux autres. — On doit lui reprocher encore certaines inexactitudes dans l’interprétation de la doctrine de Kant sur les catégories. L’ouvrage de Schuppe, au dire de J. H. Witte, mérite cependant d’être attentivement étudié.

Martin Kaehler : La conscience morale, 1re  partie (Halle, Fricke, 1878). L’ouvrage doit se diviser en deux parties principales. La première contiendra l’histoire du nom et du concept de la conscience morale (Gewissen), d’abord dans l’antiquité païenne et classique, puis dans le Nouveau Testament, chez les Pères de l’Église et au moyen âge, enfin dans le siècle de la Réforme et les temps que l’ont suivie. La seconde partie exposera la doctrine personnelle de l’auteur sur la conscience. L’auteur n’a publié encore que la partie consacrée à l’antiquité et au Nouveau Testament. Malgré les défauts de la composition et du style, l’ouvrage se recommande par une science exacte et étendue, par des considérations ingénieuses, parfois trop subtiles. L’idée et le nom de ce que nous entendons par la conscience morale ne se rencontrent pas chez les philosophes grecs ; c’est que leur intellectualisme ne voit dans la faute morale qu’un vice de jugement, et qu’ils identifient la science et la vertu. On trouve pour la première fois le nom et la notion exacte de la conscience morale (συνειδέναι ἑαυτῷ) dans Euripide ; évidemment, le poète n’était ici que l’interprète du sentiment populaire, plus éclairé sur ce point que la raison des philosophes. Ni chez les Juifs, ni même dans l’enseignement de Jésus, la conscience morale proprement dite n’est invoquée : il n’est question que de la soumission à la volonté divine, aux ordres du Père céleste. L’auteur analyse enfin les conceptions et le langage de saint Jean, de saint Luc et de saint Paul sur la conscience morale.

Frédéric de Baerenbach : Fondation de la philosophie critique ; 1re  partie, prolégomènes à une philosophie anthropologique (Leipzig, Barth, 1879). L’auteur, qui entreprend une réforme générale de la philosophie, expose dans ce 1er  volume ce qu’il appelle sa logique, c’est-à-dire ses vues sur la théorie de l’expérience, sur celle de la connaissance, et sur la méthode des recherches philosophiques. Il professe hautement qu’il faut revenir à Kant, à la Critique de la raison pure, surtout à l’esthétique transcendantale. Il veut sans doute qu’on corrige les contradictions de Kant ; mais il ne croit rien avoir à apprendre des philosophes que l’ont suivi. N’est-ce pas être trop exclusif ?