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ZEITSCHRIFT FUER PHILOSOPHIE

74e vol. 2e fascicule. 1879.

Sommer : La doctrine de Spinoza et le matérialisme (2e article).

Le monisme de Spinoza ne saurait être confondu avec le matérialisme, bien que les représentants actuels du matérialisme, comme Haeckel, essayent de fondre ensemble les deux doctrines. Combien le spinozisme, malgré ses faiblesses, est supérieur au matérialisme, et par l’affirmation énergique de l’unité absolue, et par ses préoccupations religieuses et morales. Le mécanisme, que la science réclame avec raison, n’a besoin d’ailleurs pour se justifier ni de la métaphysique de Démocrite ni de celle de Spinoza. Ou plutôt il ne peut s’accorder qu’avec le théisme, qui voit en lui un instrument nécessaire, mais, seulement un instrument pour la réalisation du règne supérieur des fins morales.

Ulrici : Le prétendu spiritisme : question de science. — Les philosophes ont refusé pendant longtemps de s’occuper du spiritisme ; et les témoignages favorables, explicites de physiciens et de physiologistes tels que Wallace, Crookes et Butlerow, ont échoué contre l’entêtement de leur scepticisme. Mais aujourd’hui que des hommes comme Zoellner (Essais scientifiques) et J. H. von Fichte (Le nouveau spiritualisme) n’hésitent pas à se déclarer les partisans et à se faire les promoteurs du spiritisme, il ne convient plus aux philosophes de l’ignorer et de le dédaigner. Des expériences incontestables, celle du crayon qui écrit tout seul, des nœuds qui se font et se défont d’eux-mêmes, des aiguilles qui s’aimantent et se meuvent, ou encore de l’étui du thermomètre qui disparaît ou reparaît, par la seule action de la volonté du spirite, tous ces faits, dont des hommes tels que Fechner, W. Weber et W. Scheibner, professeurs et collègues de Fechner à l’université de Leipzig, ont été témoins à plusieurs reprises, dans les séances de spiritisme que donna expressément à leur intention le célèbre médecin américain Slade, ne peuvent être considérés comme de pures jongleries, à moins que l’on ne veuille révoquer en doute la bonne foi et l’intelligence de ces habiles expérimentateurs. On ne saurait cependant les expliquer par les lois ordinaires du mécanisme et de la physique. L’hypothèse de Zoellner, qui recourt pour en rendre compte à une quatrième dimension de l’espace, est plus inintelligible que les faits eux-mêmes, dont elle prétend nous donner la raison. Il faut donc, conclut gravement et expressément Ulrici, admettre l’existence et l’action surnaturelle des esprits, que le médium jouit du merveilleux privilège d’évoquer et de faire agir à son gré. Mais pourquoi, dira-t-on, les esprits ne nous rendent-ils pas des services plus dignes d’eux et de nous ? Pourquoi ne nous font-ils pas des révélations sur l’avenir et ne nous éclairent-ils pas, du moins, sur les mystères de l’autre vie ? L’objection n’embarrasse pas un instant Ulrici. Il est bon, selon lui, pour la moralité hu-