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l’Église permanente de la philosophie » ; la troisième devant M. Ravaisson ; la quatrième devant M. Vacherot. Ainsi se termine, et sans grand profit ni pour l’auteur ni pour le lecteur, ce voyage à la recherche de la meilleure des métaphysiques.

La métaphysique. — Il y a une philosophie pure et une philosophie appliquée. La philosophie pure est la métaphysique (p. 261). La philosophie ne peut recevoir une vraie définition qu’autant qu’il n’y ait plus divergence d’opinions entre les philosophes. Il faut donc réduire les systèmes à l’unité, et cette ambition est celle de l’auteur.

En attendant, il définit la philosophie : la recherche intellectuelle du vrai. Est-ce de tout le vrai ou d’une partie du vrai ? La philosophie sera-t-elle la science universelle, que M. Alaux aurait pu appeler la science des généralités ? Point. Elle sera la science de l’universel, la science de l’être en tant qu’être. Où chercher les bases de cette science ? Dans les êtres accessibles à la connaissance humaine, dans l’homme pris pour centre de ces êtres. Enfin, après avoir tâtonné, nous arrivons à cette formule : la métaphysique est la science de la raison des choses dans son rapport avec l’homme.

L’objet déterminé détermine la méthode. Cette méthode ne peut être exclusivement rationnelle, comme l’est celle des mathématiques. L’objet de la métaphysique, ce sont les idées. Mais l’idée ne saurait être étudiée autre part que dans un être concret, dans le fait. À vrai dire, la métaphysique n’est pas la construction de l’inconnu, comme semblaient le prétendre Spinoza et Hegel ; elle est la reconstruction du connu (p. 288).

« L’observateur marche ; spéculatif, le métaphysicien vole, plane ; mais le sol a été le point d’appui qui lui a permis de s’élancer dans l’espace. Parlons sans figure. Descartes n’observe pas, il raisonne ; mais il raisonne sur un fait, non sur un pur concept de l’esprit ; il ne l’observe pas, ce fait : il en prend le concept, il en scrute l’idée. Ce n’est point l’idée du doute absolu en soi, c’est l’idée du fait que lui, Descartes, doute de tout ; il trouve dans cette idée l’idée de l’affirmation du doute absolu, idée identique : c’est le doute même ; et contraire : c’est une affirmation ; et par conséquent dans ce fait qu’il doute de tout, le fait qu’il affirme son doute, fait identique : c’est son doute même ; et contraire : c’est, dans le fait qu’il doute de tout, le fait qu’il ne doute pas de tout. Dans l’idée de l’affirmation du doute, il trouve l’idée de la pensée ; et par conséquent dans le fait qu’il affirme son doute, le fait qu’il pense ; il trouve, dans l’idée de la pensée, l’idée de l’être et par conséquent dans le fait qu’il pense, le fait qu’il est : cogito ergo sum (p. 283). »

Si telle est la méthode de la métaphysique de l’avenir, elle consistera dans une marche dialectique du fait à l’idée. On prendra son point de départ dans la connaissance des choses, et la science sera à certains égards une préparation à la métaphysique. N’oublions pas cependant que la science ne sait point tout : il est des réalités que la