elle convient non seulement aux actes religieux, mais encore à tous les actes profanes de l’esprit humain, de telle sorte que le caractère spécifique de l’acte religieux ne doit pas être cherché dans l’état subjectif abstrait de Dieu, mais dans le mode spécifique de l’activité humaine, qui d’après sa nature conduit directement au rapport transcendantal avec son fondement transcendantal.
Il est clair que le concept de la révélation, tel qu’il vient d’être exposé, fait paraître le rôle des fondateurs de religions sous un tout autre jour que ne le fait le concept supra-naturaliste de la révélation. L’action historique des fondateurs de religions apparaît maintenant comme une opération régulière de l’intelligence, et sa portée dépend en partie du degré d’intensité avec lequel le principe de l’immanence s’est manifesté chez eux, en partie de l’énergie de caractère de l’homme chez lequel cette élévation religieuse s’est rencontrée, enfin en partie de l’accord entre le développement intellectuel de l’époque et les formes accidentelles revêtues par la révélation au moment où elle a eu lieu. C’est précisément la partie la plus passagère de ce revêtement qui a produit assez souvent les effets historiques les plus grands et qui a aidé aux choses ayant une valeur permanente à se faire la place qu’elles eussent difficilement acquise par elles-mêmes. « Bien plus, celui qui examine le développement historique sans parti pris ne peut pas s’empêcher de reconnaître que les principes nouveaux dans l’histoire religieuse aussi bien que dans l’histoire profane, au moment où ils apparaissent chez les personnalités qui ouvrent la voie à l’humanité, se montrent dans toute leur énergie, dans toute leur fécondité, mais nullement dans leur clarté et leur pureté la plus parfaite. C’est au contraire une loi historique générale que les nouveaux principes, à leur apparition, se confondent encore sous beaucoup de rapports avec les traditions anciennes dont ils ont d’abord à se détacher. Comme les éléments les plus contradictoires fermentent encore dans un mélange confus, les idées les plus étranges se combinent et s’allient étroitement ; bien plus, l’efficacité des principes nouveaux est précisément liée intimement aux formes de l’ancien monde, au-dessus duquel ils cherchent à s’élever et qu’ils sont destinés à renverser. Ici, comme partout, le développement progressif n’est pas seulement une propagation extensive ; c’est à la fois un travail intensif d’achèvement, de purification, en un mot de perfectionnement. »
Si la différence entre la révélation religieuse d’un fondateur de religion et celle d’un membre de la communauté ne peut pas être portée du relatif à l’absolu, on peut encore moins en agir ainsi à l’égard de différents fondateurs de religion. Le parallèle entre
