PHILOSOPHIE RELIGIEUSE
ET LE NÉO-HÉGÉLIANISME
Berlin, 1878, Reimer.
Dans mon écrit sur « la Décomposition spontanée du christianisme et la religion de l’avenir », j’ai recherché quelle était l’essence du protestantisme libéral, et j’ai conclu de ces recherches que, en minant la religion chrétienne par son rationalisme et en l’amollissant par son sentimentalisme, il était à la fois irréligieux, contraire au christianisme et incapable d’amener une rénovation religieuse, si désirable dans l’intérêt de notre besoin d’une religion. À ce moment, j’ai déjà parlé d’une direction plus positive, plus spéculative du protestantisme libéral ; mais je n’ai pas cru devoir entrer dans un examen plus détaillé, parce qu’à vrai dire elle n’était alors représentée que par une seule personnalité d’un mérite supérieur, le théologien A. E. Biedermann, de Zurich. Mais depuis on a senti dans le sein du protestantisme libéral lui-même qu’on se trouvait sur la pente périlleuse d’un affaissement toujours plus grand, et que le temps actuel réclamait une doctrine positive et approfondie, bien plus impérieusement que des escarmouches avec l’orthodoxie. Il est bien possible que mon écrit n’ait pas été tout à fait étranger à ce revirement.
Mais, si le protestantisme libéral veut trouver une base plus positive, il n’a que deux voies ouvertes devant lui : ou bien il doit sacrifier une partie de son radicalisme critique et chercher à se rapprocher de l’orthodoxie aux dépens de ses propres principes ; ou bien il restera fidèle à ses principes et essayera de donner à la doctrine religieuse des bases plus solides, tout en obéissant aux exigences de la conscience critique. Dans le premier cas, il retombe dans le vaste domaine de la théologie de conciliation (Vermittelungsthologie), qui consiste essentiellement à revêtir de phrases pompeuses et brillantes des idées obscures, mal définies ; dans le second cas, il présente la vérité de la foi, qui ne saurait être ni comprise ni démontrée