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analyses. — astié. Mélanges de Théologie.

Conservons résolument tout ce qu’il y a de bon dans nos traditions. Nul ne l’ignore, l’Église libre a su contraindre à vivre ensemble des tendances ecclésiastiques assez diverses. Aujourd’hui que des questions théologiques viennent solliciter l’attention générale, on saura bien obliger à faire bon ménage et les hommes qui, sur la base de la profession de foi commune, travaillent à formuler une théologie nouvelle, et ceux qui trouvent plus commode et plus sûr d’interpréter cette profession à la lumière des anciens systèmes. » Voilà donc les deux partis en présence, celui qui, sous les formules de la confession de foi commune, découvre toute espèce de dogmes antiques, et celui qui en fait le point de départ d’un développement nouveau sans en enfreindre les assertions principales. La ligne de conduite que recommande M. Astié est sans doute fort sage. Nous l’approuvons d’écrire que « l’Église, prise dans son ensemble, n’est ni avec les uns ni avec les autres ; elle représente le centre. C’est à elle qu’il appartient avec une grande sagesse, accompagnée de beaucoup de fermeté et d’impartialité, de veiller à ce que la force centripète et la force centrifuge demeurent dans un état de tension sans l’emporter l’une sur l’autre. »

Il paraît que ceux des coreligionnaires de M. Astié qui lisent tant de belles choses dans la confession de foi seraient bien aises néanmoins de la renforcer de quelques bonnes propositions bien sonnantes. M. Astié dénote le danger avec une grande force. Si cette tentative aboutissait, dit-il, « nous verrions la chose la plus inconcevable qu’on se puisse imaginer, une Église de laïques jouant aux théologiens, non plus une démocratie religieuse, mais une démocratie théologique. Nous voterions à la majorité des voix une dogmatique, une exégèse, une morale, la solution des problèmes critiques les plus compliqués, sans nous être donné la peine d’étudier toutes ces matières. »

Nous souhaitons à l’Église libre du canton de Vaud d’écouter les conseils d’un ami aussi clairvoyant que sincère. Grâce à de tels guides, elle pourra fournir une honorable carrière à côté d’autres églises qui croient trouver le remède de divergences dogmatiques importantes dans le silence et l’ignorance du progrès intellectuel.


III


Il est temps d’aborder de front le problème qu’a posé pour nous l’Histoire des dogmes de Baur et dont M. Astié s’est proposé de nous donner une solution pratique dans l’exemple d’une congrégation contemporaine. L’occasion nous est offerte de le réduire à des termes absolument précis et dépourvus de toute équivoque par le premier des travaux insérés dans le volume de l’éminent professeur et qui lui sert d’introduction. Que faut-il entendre par cet « Évangile », envisagé comme fond immuable du christianisme et sur la base duquel chaque siècle, chaque peuple a la lâche d’élever à son tour l’édifice du dogme ? Comment doit-on envisager, à un point de vue normal, les conditions d’une Église déterminée