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HISTOIRE CRITIQUE


DE

JULES CÉSAR VANINI

(suite)[1]

II

Le premier soin de Vanini, en arrivant à Paris, avait été de rechercher la colonie italienne. Entraîné dans les parages de la cour par quelques étrangers comme lui, qui ne se trouvaient pas mal « de parler baragouin »[2], il pourvut d’abord au plus pressé en y cherchant des élèves. Il s’en procura, paraît-il, assez aisément, grâce à ses nouvelles relations, parmi les courtisans qui suivaient la fortune de Concini et qui attendaient tout de la faveur de Marie de Médicis. Mais il n’était pas homme à se confiner dans ses leçons. Il sut tirer parti de ce rôle de précepteur que d’autres trouvaient moyen de rendre si humble. Il se fit une étude d’être et de paraître à sa place chez les grands seigneurs où il avait accès. Cela lui réussit jusqu’à un certain point. Il faut dire que sa taille élégante, ses grands traits, ses manières aisées[3] étaient tout à fait d’un gentilhomme, et que d’ailleurs son petit collet, galamment porté, le tirait déjà du commun. Il le prit à la cavalière avec les jeunes gens, presque aussi jeunes que lui, qu’il avait à diriger[4]. Point de pédanterie, point de rigorisme : des entretiens libres où il donna carrière à son goût national d’étonner et d’amuser. Avec cela, et des complaisances, et des louanges sans discrétion, il engoua de lui cette jeunesse, qui trouva bon de le traiter en camarade et de raisonner avec lui des événe-

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.
  2. Malhurin Régnier, satire III, La vie de cour.
  3. Annales manuscrites à l’Hôtel-de-Ville de Toulouse, tome VI, fol. 13, 14.
  4. De arcan., p. 143, 482.