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normal. L’écart, au lieu d’être de 7 grammes, s’élève quelquefois jusqu’à 25 et 30 grammes (sans lésion destructive), et c’est le lobe droit qui absorbe à lui seul l’activité trophique.

C’est par ce dédoublement de l’activité cérébrale que M. Luys explique ces cas si fréquents chez les aliénés, où le malade sent en lui deux volontés qui se contre-balancent, deux impulsions contraires qui se combattent ; de même aussi « ces curieux phénomènes de la perception consciente coexistant avec un accès de délire » ; enfin les cas si curieux de personnalité double. À ce sujet, M. Luys rapporte l’observation suivante, peu connue (p. 26) : Un ancien soldat, âgé de 53 ans, alcoolique, ayant reçu plusieurs fois des coups sur la tête, devint insensiblement aliéné. Il parlait de lui en employant le pronom nous. À table, il disait : Je suis rassasié, mais l’autre ne l’est pas ; il tenta de se suicider, pour tuer l’autre, etc., etc. Il devint dément, et l’autopsie révéla une différence considérable entre les deux moitiés du cerveau.

Nous ne pouvons mieux conclure ce résumé que par ces paroles de l’auteur : « En présence d’une théorie aussi simple que celle de l’alternance et du dédoublement de l’activité mentale, on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’un certain nombre de faits se laissent interpréter suffisamment par cette manière de voir. Sans pouvoir l’appuyer sur des démonstrations vraiment scientifiques, nous ne pouvons jusqu’à présent que la susciter dans les esprits, la mettre en évidence, dire qu’elle n’est pas invraisemblable… et montrer qu’elle peut servir de base sérieuse pour l’interprétation de certains phénomènes psychopathiques qui jusqu’à présent n’ont pas été rattachés suffisamment aux phénomènes de fonctionnement normal. »