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enfin la faculté de faire usage des connaissances acquises pour les constructions nouvelles (constructiveness). Il s’attache à déterminer les conditions nécessaires de développement de chacune d’elles. Il parle ensuite des émotions considérées surtout comme motifs propres à être mis en usage par le maître. Sauf quelques fines remarques de détail, toute celte analyse ne nous a rien paru offrir de bien intéressant ni de bien nouveau.

Dans la partie relative à l’enchaînement logique des matières, M. Bain insiste longuement sur le passage du concret à l’abstrait : C’est là, selon lui, le point le plus important dans l’éducation. Les préceptes qu’il donne pour faire opérer à l’esprit de l’élève cette grave transition seront médités avec fruit par les théoriciens de la science pédagogique. La question des études classiques ne pouvait manquer de trouver sa place dans un pareil ouvrage. M. Bain expose consciencieusement le pour et le contre : les arguments en faveur des langues mortes lui paraissent légers. Il trace le plan d’un enseignement mieux approprié, selon lui, aux exigences de la société moderne et aux lois véritables du développement de l’esprit : il comprend : 1° les sciences, qui doivent occuper la place de beaucoup la plus considérable ; 2° les humanités, c’est-à-dire d’une part l’histoire et la sociologie, d’autre part un aperçu plus ou moins sommaire de la littérature de tous les peuples ; 3° des exercices de composition dans la langue maternelle et l’étude approfondie de la littérature nationale.

Il serait intéressant d’établir un parallèle entre l’ouvrage de M. Bain et celui d’Herbert Spencer sur le même sujet. Nous ne pouvons songer à l’entreprendre ; mais, tout en rendant justice à nombre d’observations ingénieuses, pénétrantes et d’une incontestable utilité, nous devons reconnaître que, pour la netteté du plan, la rigueur de la méthode, l’originalité des vues et l’importance pratique des conclusions, le livre de M. Bain est sensiblement inférieur à celui de son illustre compatriote.

Y.

Fr. Harms. — Die Philosophie in ihrer Geschichte. — I. Psychologie. 1 vol in-8°, x-398 pages. Th. Grieben ; Berlin, 1878.

Le nouvel ouvrage de M. Harms, dont on connaît la Philosophie depuis Kant[1], appartient comme ce dernier à la « Bibliothèque de science et littérature » publiée à Berlin et ouverte aux sciences spéciales (droit, médecine, histoire, etc.) aussi bien qu’à la philosophie. M. Harms a pris à charge de nous exposer « la philosophie dans son histoire » en deux parties, d’abord la psychologie, ensuite la logique et l’éthique. C’est de la première seule qu’il s’agit ici.

Le litre de cet ouvrage semble annoncer au lecteur une étude

  1. Revue philosophique, tome III, p. 519-527.