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    mettre d’accord avec l’expérience des physiologistes obligerait de n’attribuer à ces forces que de très-petites valeurs, de l’ordre de celles qui échappent à l’observation. Or, de pareilles forces ne peuvent amener des effets sensibles que dans des systèmes matériels dont l’état physico-chimique est presque instable, ou diffère très-peu d’un état pour lequel il y aurait indétermination mathématique parfaite de voies. Donc, même dans cette opinion, la recherche des solutions singulières des équations de mouvement, des réunions et bifurcations qu’admettent leurs intégrales, conserverait toute son importance ; car elle fournirait les points de repère naturels pour déterminer les conditions effectives d’existence des êtres vivants, ou mieux, elle ferait connaître ces conditions avec une approximation pratiquement équivalente à l’exactitude. Ainsi une telle opinion ne différerait pas sensiblement, quant aux explications qu’elle pourrait permettre de donner des phénomènes vitaux, de celle qui réduit la vie et la volonté au rôle de simples principes directeurs ; et le géomètre devrait toujours accepter celle-ci, quand ce ne serait qu’à titre d’hypothèse simplificatrice n’altérant pas les résultats d’une manière appréciable, tout comme il réduit les atomes à de simples points, qualifiés par lui de points matériels, faute d’avoir aucune donnée positive sur leurs dimensions, qu’il sait seulement être imperceptibles et qu’il est conduit à supposer très-petites en comparaison des distances d’atomes voisins. Il serait donc bien inutile, aux partisans de l’une et de l’autre opinion, de se critiquer mutuellement pour de légères nuances, que l’imperfection de nos moyens de connaître rendrait à peu près insaisissables et qui ne correspondraient peut-être même à rien de réel hors de nous, mais seulement à des différences subjectives de points de vue.