de la désorganisation fonctionnelle. Il est très-regrettable que les expériences qui se rapportent à ce sujet ne puissent pas être faites sur l’homme avec la précision voulue ; mais les admirables recherches de M. Schiff sur les animaux ont jeté une vive lumière sur les rapports de la thermogenèse centrale avec l’activité psychique ; les lecteurs de la Revue se souviendront du résumé assez étendu que j’en ai donné dans le no de janvier 1877. Je me permettrai seulement de rappeler que le dégagement de chaleur est d’autant plus considérable que l’impression reçue par l’animal observé est de nature à être, pour une raison quelconque, agréable ou désagréable pour lui, intéressante, en un mot, et surtout si elle est apte à attirer son attention, c’est-à-dire à éveiller une vive conscience d’elle-même. Si, au contraire, l’impression le laisse indifférent, c’est-à-dire si elle passe inaperçue ou à peu près et n’éveille que peu ou point de conscience, il ne se produit que fort peu de chaleur ; c’est ainsi que l’influence de la même impression répétée plusieurs fois s’émousse rapidement ; et l’on n’obtient bientôt que le minimum de calorification, dû au simple fait de la transmission nerveuse. Par exemple, les aiguilles thermo-électriques qui se trouvent dans le cerveau d’un chien que l’on effraye en ouvrant tout à coup un parapluie dirigé vers ses yeux, donnent au galvanomètre une déviation de 16° ; chaque fois qu’on répète l’expérience, à intervalles de 10 minutes environ, la déviation diminue : l’animal comprend peu à peu quels parapluie ne lui fera aucun mal ; il cesse de s’intéresser à cette impression, et la déviation atteint son minimum constant, dès que le chien semble ne plus s’occuper du tout de l’ouverture du parapluie. Un poulet que l’on effraye par un son violent, donne la première fois une déviation de 18°, puis de 14, puis de 12, puis de 9, et, lorsque le son cesse de l’effrayer, la déviation se maintient à 8°, minimum invariable dû à la transmission.
Nous voici plus avancés : nous pouvons dire que les actes centraux accompagnés de la conscience la plus vive sont précisément ceux qui entraînent une décomposition plus étendue et une calorification plus grande. D’où la première partie de ma formule : « L’intensité de la conscience est en rapport direct avec l’intensité de la désintégration fonctionnelle. »
Or qu’est-ce qui caractérise les actes centraux accompagnés de la conscience la moins vive, ou tout à fait inconscients ? Une décomposition restreinte, une calorification réduite au minimum, et, en outre, une transmission relativement très-rapide. En effet, tout acte nerveux central exige un certain temps pour s’accomplir ; la répétition, l’exercice, l’habitude diminuent le temps physiologique (ou psychologique), le réduisant à la moitié, au tiers de ce qu’il est au commencement. L’équation personnelle est à son maximum lorsque l’acte à accomplir est nouveau pour le sujet, lorsqu’il éveille par conséquent une conscience très-intense des sensations qui le provoquent, l’accompagnent et le suivent ; elle diminue au fur et à mesure que l’acte devient habituel