statique et une mécanique de ces forces, comme on l’a déjà fait en psychologie. Le but de l’État est la réalisation des idées morales : l’accomplissement de la mission éthique, qui lui est assignée.
Après avoir énuméré ainsi les grands mérites de Herbart, Drobisch relève encore les services qu’il a rendus à l’esthétique. Herbart découvre l’essence du beau dans certaines proportions qualitatives et quantitatives inspirant la satisfaction ; cette dernière cependant est un phénomène purement psychique et qui ne peut être éclairci, comme tel, que par la psychologie. L’esthétique de Herbart a rencontré une opposition sérieuse ; mais, quel que soit notre avis par rapport à la distinction herbartienne entre l’essence et la forme du beau, nous devrons être d’accord sur ce point, que Herbart a la gloire d’avoir indiqué la psychologie comme base unique de l’esthétique.
C’est ainsi que Drobisch a rassemblé dans un seul tableau les principaux mérites de Herbart. Ce système ne se manifeste pas par des couleurs brillantes. « En revanche, observe Drobisch, il ne contient pas de conception paradoxale du monde, et, suivant une direction opposée à celle de l’idéalisme, il reste fidèle aux idées fondamentales de Kant. » C’est pourquoi Drobisch l’appelle « un penseur qui a développé d’une manière originale la philosophie critique du maître ».
Un retour décisif vers les idées de Kant se manifeste aujourd’hui dans la spéculation allemande. Le moment est donc plus propice que jamais pour attirer l’attention sur un penseur qui a su développer avec tant de succès la philosophie critique. De ce point de vue, son système acquiert une signification véritable pour le mouvement philosophique de nos jours ; et nous ne croyons pas trop dire en soutenant que le discours de Drobisch, joint aux dissertations de Zimmermann, occasionnera une réforme radicale dans l’appréciation de ce grand philosophe. Ces ouvrages se complètent réciproquement. Ceux de Zimmermann nous éclaircissent le rapport de la philosophie herbartienne avec celles de Fichte et de Schelling, en nous exposant sa genèse et son développement ; ils nous expliquent ensuite comment Herbart est parvenu aux prémisses de son système et nous représentent sa position philosophique comme une réaction naturelle et nécessaire résultant d’une analyse critique de l’idéalisme transcendant. Prévenue de son assoupissement, la spéculation ne pouvait suivre une autre voie que celle qui lui fut ouverte par Herbart. — Quant au discours de Drobisch, il nous montre sa philosophie dans son rapport véritable avec Kant et contient par cela même une leçon précieuse pour tous ceux qui veulent remonter jusqu’à lui. Mais, pour compléter la signification de ce discours, il