choses ou de leurs adjectifs. Là où il y a position absolue d’une chose, il y a aussi une donnée absolue de son existence ; or chaque sensation contient déjà une pareille position absolue, et il n’est pas en notre pouvoir de l’en chasser, car elle est pour nous une donnée absolue, et comme telle nous devons la rapporter à quelque chose de réel. Ce quelque chose à quoi nous la rapportons, c’est précisément l’être indépendant de nous. Nous devons admettre nécessairement un être comme base du phénomène, car cette nécessité est comprise par notre sensation même, comme position absolue. Notre entendement est, à vrai dire, une perception indirecte, mais elle a une base qui est non-seulement possible dans notre pensée, mais qui, en outre, est véritablement réelle.
Herbart ne se borne pas toutefois à la perception de l’existence des choses. Selon lui, nous pouvons savoir non-seulement que les choses existent, mais il nous est même donné de connaître ce qu’elles sont, non certes quant à leur nature, mais ce qu’elles sont envisagées comme substances et comme causes de rapports réciproques, soit entre elles, soit avec notre esprit. Herbart ne considère pas les catégories comme des formes imposées aux choses par notre esprit. « Ce n’est pas nous, dit-il, qui prescrivons les formes des choses, mais ce sont elles qui nous sont prescrites. » La raison de ce fait ne repose pas en nous ; les formes nous sont données aussi bien que la diversité du contenu de notre sensation ; quant aux causes de celles-ci comme de celles-là, il faut les chercher dans les rapports de causalité des choses entre elles et avec le sujet pensant. En un mot, ce qui existe réellement imprime aux formes de l’être le cachet qu’elles possèdent dans notre savoir.
Il en est de même des lois de la nature. Elles nous sont aussi pour ainsi dire prescrites, et la meilleure preuve en est que nous ne pouvons jamais les déduire de la raison pure, sans le secours de l’expérience. Herbart soutient donc que la spéculation peut non-seulement vérifier l’existence réelle des choses, mais qu’elle peut même au moyen des rapports et changements donnés de temps et d’espace, ainsi que de ceux que nous observons en nous-mêmes, reconnaître ce qui se passe dans les êtres réels et ce qui a lieu réciproquement entre eux. Tandis que Kant réduit la tâche de la métaphysique à la recherche des conditions subjectives de l’expérience, Herbart s’efforce d’en faire ce qu’elle était déjà : une science ayant pour objet les processus réels de l’existence. Cependant cette métaphysique de Herbart n’est pas absolue ; elle a bien aussi ses limites. Les idées et les vérités religieuses, voilà à son avis une barrière qu’elle ne doit point franchir. Drobisch a raison de dire qu’il lui importe bien plus de