qui atteint son maximum chez les animaux inférieurs, qui diminue à mesure qu’on monte dans l’échelle animale. Les personnes sujettes à la syncope peuvent se représenter assez bien cet état. Quand on revient à soi, en sortant de l’état d’inconscience absolue qui caractérise cet état morbide, on a un sentiment indéterminé et confus d’existence en général, sans individualité, sans délimitation entre le moi et le non-moi ; on est un organisme qui a la conscience d’être ; rien de plus. Cet état, qui peut être agréable ou désagréable, suivant les causes qui ont amené la syncope, est la seule conscience que nous puissions accorder aux organismes inférieurs, privés de sens spéciaux. Pour les vertébrés, cette conscience est à son maximum chez l’amphioxus, à son minimum chez l’homme. Il y a lieu d’ailleurs de supposer que dans les cas les plus simples, où la réaction est automatique, la conscience spinale est réduite à une intensité si faible qu’elle égale zéro.
Passons aux centres sensori-moteurs de la base du cerveau. L’auteur leur attribue « une conscience individuelle, avec un germe de perception, c’est-à-dire avec un rudiment d’intelligence. » Si nous partons de l’état caractérisé plus haut, où il n’y a ni sensations définies ni localisation, il se produit dans ce chaos certaines distinctions. L’homme évanoui, à mesure qu’il revient à lui, commence à voir et à entendre ; « mais les sons et les couleurs semblent naître à l’intérieur du sujet : il n’a aucune idée de leur origine extérieure. » Ce sont des sensations, brutes, senties, non connues. L’action réflexe centrale se rétablit ; les sensations commencent à influer l’une sur l’autre ; les centres sensoriels se réunissent en un sensorium commune. Il en résulte la conscience de l’unité du moi, « mais qui n’exprime que l’unité organique du sujet, sans notion claire de ses rapports avec le milieu environnant. »
En résumé, une conscience impersonnelle, une conscience individuelle avec rudiment d’intelligence, une conscience intelligente et volontaire (celle des hémisphères) : telles senties trois principales formes qui se rencontrent avec tous les degrés intermédiaires.
Dans cette conciliation qu’il essaye entre Lewes et Maudsley, l’auteur nous paraît pencher du côté de Lewes. Maudsley, dit-il (p. 22), est surtout préoccupé du travail automatique des centres déjà organisés ; Lewes, du travail conscient intense qui accompagne les acquisitions nouvelles. Or, chez l’homme, les deux états se rencontrent. La réduction des processus psychiques relativement simples à l’automatisme inconscient est la condition nécessaire du développement mental. S’il n’y a pas un fond stable qui serve de base aux autres acquisitions, elles sont impossibles. « Mais la réduction de toute l’activité psychique à un automatisme inconscient ne serait possible que si l’évolution organique avait une limite insurmontable ; tout ce que nous savons de l’évolution des êtres vivants nous dit au contraire qu’on ne peut lui assigner aucune limite. » — « La nature s’arrête nécessairement là où manquent les conditions d’un développement ultérieur ; mais, la où de