Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/458

Cette page n’a pas encore été corrigée
452
revue philosophique

crislalloïdes. La synthèse chimique, sans réaliser les vrais colloïdes, a su recomposer des groupes transitoires, carbures d’hydrogène, alcools, élhers, etc. Créera-t-elle des cellules vivantes et des organismes ? Ce n’est pas probable : on ne refait pas l’œuvre du temps. — L’organique procède donc de l’inorganique. Le mouvement propre aux cellules, la forme, la structure des substances plasmatiques, voilà ce qui explique l’être vivant. Sa spontanéité n’est qu’une résultante d’actions réflexes particulières, qui se ramènent elles-mêmes à des actions mécaniques des cellules.

La vie est fille des eaux. Elle s’ébaucha dans quelqu’une de ces flaques déposées par les vapeurs atmosphériques entre les aspérités de la pellicule primitive. La génération spontanée, après tout, n’est ni plus ni moins admissible pour l’état colloïde de la substance que pour l’état cristallisé. — L’histoire de la vie est d’ailleurs pour nous pleine de lacunes et d’obscurités. Toutefois l’étude des couches terrestres atteste, en dépit d’un désordre inévitable, un progrès constant dans la structure des êtres. Depuis l’époque, perdue dans la nuit des temps, où la vie a débuté par l’état colloïde et la cellule, elle n’a cessé d’accommoder des appareils mieux équilibrés à des milieux plus favorables. C’est ainsi que les poissons, les amphibies, les reptiles et les oiseaux, avant de coexister, s’annoncent successivement par l’apparition de leur forme la plus rudimentaire, et que le type mammifère évolue graduellement des marsupiaux jusqu’à l’homme. — L’histoire de l’évolution organique est divisée, on le sait, en cinq âges inégaux. C’est à l’âge tertiaire, période pliocène, qu’apparaît l’homme, ou mieux le précurseur de l’homme : une strie laissée sur un os à moelle par une pierre tranchante, voilà le plus ancien souvenir de nos aïeux. Laissons l’homme quaternaire, auquel on reviendra plus loin. Comparant alors la faible durée de révolution organique à celle des temps qui l’ont précédée : « Ici éclate, s’écrie M. Lefèvre, l’invraisemblance du sophisme téléologique. Comment supposer que ce moment où nous sommes ait déterminé d’avance le cours prodigieux des âges ? »

Il va sans dire que, de son point de vue, l’auteur n’admet en aucune façon les idées directrices « inventées » par Claude Bernard. Il critique également la théorie de Cuvier sur le rôle des cataclysmes dans 1 histoire du monde organique et lui substitue celle de l’évolution continue. Aussi admet-il le darwinisme, au moins comme méthode, tout en raillant doucement Darwin sur son déisme, au surplus peu dangereux. En vain chercherait-on, comme M. de Quatrefages, à poser des limites entre le genre, l’espèce, la variété ou la race, en invoquant des différences, qu’il ne faut pas exagérer, entre l’hybridation et le métissage. Si les espèces aujourd’hui ne permutent guère entre elles, de curieux indices semblent limiter à l’âge présent ces incompatibilités et ces barrières. De plus, n’est-il pas constant que, dans le sein de sa mère, l’être qui doit revêtir la forme humaine est tour à tour simple cellule, végétal à 3 et 4 feuillets, têtard à branchies, mammifère à queue, finalement