L’étude de la vie, la biologie générale, embrasse donc à la fois : « l’idée directrice » et la physiologie des éléments ; cette dernière seule étant objet de science.
III
Les fondations sont maintenant établies ; il s’agit d’élever l’édifice ou tout au moins d’en indiquer le plan et la distribution. Nous abandonnons l’instrument philosophique : l’œuvre scientifique commence. Ce n’est pas ici qu’il conviendrait d’insister longuement sur les principes et le programme de la physiologie générale. Connaître les propriétés générales des éléments anatomiques ou propriétés des tissus ; descendre, par l’analyse, des manifestations complexes ou fonctionnelles de la vie aux manifestations élémentaires qui en sont le support, puis remonter par une marche inverse de celles-ci à celles-là, voilà le but dernier de l’étude des êtres vivants. Toute action part de l’élément ; toute y aboutit. L’explication d’un phénomène vital n’est complète, n’est arrivée à son terme, qu’à la condition d’avoir été poussée jusqu’à ce point extrême. Cl. Bernard nous a légué deux exemples célèbres de ces explications physiologiques complètes, les deux seules que possède la science. La première est relative à l’action du curare sur les animaux supérieurs, l’autre à l’empoisonnement par l’oxyde de carbone. Dans ce dernier cas, l’analyse phénoménale est conduite jusqu’aux confins du monde physique. L’animal meurt, parce que ses éléments constituants sont tous frappés individuellement : ils sont privés d’une condition essentielle de leur vie, l’oxygène ; le gaz vital manque autour d’eux, parce que les globules rouges du sang sont devenus incapables de le convoyer, comme ils font d’ordinaire, dans tous les départements de l’organisme ; et, enfin, l’impuissance du globule a sa raison dans la combinaison chimique de l’hémoglobine avec l’oxyde de carbone que l’oxygène ne peut plus déplacer.
Il n’y a pas d’autres exemples d’une explication physiologique achevée. C’est pour cela que Cl. Bernard y revenait avec une insistance qui ne se fatiguait pas. Il l’offrait sans cesse comme un modèle aux autres et à lui-même. Que cherchait-il dans ses études sur les substances toxiques ? L’élément atteint et la nature de cette atteinte. Quoi encore dans l’étude des anesthésiques ? L’altération de l’élément et la nature de cette altération.
Dans tout empoisonnement l’altération primitive d’un élément est l’origine des accidents : c’est elle qui, de ressaut en ressaut, amène la dislocation de la machine vivante. En toute circonstance, il