LE PROBLÈME PHYSIOLOGIQUE DE LA VIE
Parmi les œuvres de Cl. Bernard, celle qui nous occupe en ce moment tient un rang à part ; elle se distingue de toutes les autres par son caractère systématique. Dans les ouvrages précédents, les vérités générales étaient éparses, isolées, étouffées pour ainsi dire par la foule des pièces justificatives. L’Introduction à la médecine expérimentale, quelques passages du Rapport sur les progrès de la Physiologie, deux ou trois articles de revue, fournissaient les éléments dispersés d’une doctrine que l’auteur n’avait point pris la peine de présenter au lecteur dans son unité et sa cohésion logique. Les Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux nous montrent l’ensemble de la construction dont nous n’avions aperçu jusqu’ici que les détails. C’est là que, négligeant les documents antérieurs, nous devrons chercher désormais la complète et dernière expression d’une pensée toujours en mouvement et toujours en progrès.
Il nous sera permis, à propos d’une œuvre en quelque sorte testamentaire, de ne pas nous borner à l’examen strict de cette œuvre, mais de rechercher dans la vie de l’auteur le dessein qu’elle réalise, la pensée dont elle procède.
Il y a eu deux hommes en Cl. Bernard : un inventeur et un philosophe ; l’inventeur, a-t-on dit, est mort jeune, et le philosophe lui a
- ↑ Voir la Revue philosophique du 1re novembre 1878. Tome vi, p. 441.