séquent ils s’efforcent sans relâche de faire tort au producteur en ouvrant des boutiques et des magasins à bon marché ; enfin il faut que le maître et les serviteurs, pour soutenir leur rôle, se tiennent continuellement à l’affût des bonnes affaires, c’est-à-dire s’attachent à acquérir les produits à meilleur marché que le prix de revient.
« Il faut que les distributeurs, petits, moyens ou grands, soient tous nourris par les producteurs, et plus le nombre des premiers s’élève en comparaison de celui des derniers, plus le fardeau que ceux-ci ont à porter est grand. En effet, à mesure que le nombre des distributeurs s’accroît, il faut que l’accumulation de la richesse décroisse, et que la tâche des producteurs augmente d’autant.
« Les distributeurs de la richesse dans le système actuel sont un poids mort qui pèse sur les producteurs, et ils sont pour la société les agents de démoralisation les plus actifs. Leur état de dépendance au début de leur entreprise leur enseigne la bassesse envers leurs chalands, et les oblige à demeurer serviles tant qu’ils sont occupés à accumuler de la richesse, en achetant bon marché et en vendant cher. Mais, dès qu’ils se sont assurés de la fortune qui, d’après eux, leur suffit pour leur donner l’indépendance, les moyens de vivre sans faire des affaires, ils se montrent souvent pleins de l’orgueil le plus ignorant, et insolents envers ceux qui dépendent d’eux.
« Voilà une disposition des plus imprévoyantes pour une société, dont l’intérêt est de produire la plus grande somme de richesse de la meilleure qualité, puisque le système de distribution en vigueur aujourd’hui ne se borne pas seulement à détourner de la production un grand nombre d’individus pour en faire des distributeurs, mais qu’il grève les frais du consommateur de tout ce que coûte une distribution ruineuse et extravagante, qui fait payer au consommateur plusieurs fois le prix des frais primitifs des produits.
« Ensuite, grâce à la position où il se trouve placé, d’une part, par son désir de gain que cette situation allume en lui, et d’autre part par la concurrence qu’il rencontre chez ses adversaires qui vendent des produits semblables, le vendeur est fortement tenté de sophistiquer ses articles ; et quand ce sont des denrées alimentaires, soit de production nationale, soit d’importation étrangère, les effets que ces sophistications exercent sur la santé, et par conséquent sur le bien-être et le bonheur des consommateurs, sont souvent très-fâcheux et peuvent expliquer bien des morts prématurées, surtout dans la classe ouvrière, la plus exposée peut-être à souffrir de l’achat d’articles de qualité inférieure ou à bas prix.
« La dépense qui résulte de cette distribution, de la richesse dans la