MIND.
G. Stanley Hall. La Perception musculaire de l’espace. — L’école de l’intuition a toujours considéré comme une vaine recherche celle qui a pour but d’expliquer l’acquisition progressive de la notion de l’étendue. C’est justement ce problème qui est devenu le centre de toutes les recherches psychologiques dans ces derniers temps et qui, en une certaine mesure, a changé la méthode philosophique.
Les éléments psychiques les plus rudimentaires de la perception de l’espace paraissent liés à la contraction musculaire et consistent en une série très-complexe de changements matériels. Le sujet qui nous occupe se trouve donc lié à la question très-débattue de nos jours de l’existence et de la nature du sens musculaire. L’auteur, après avoir passé en revue diverses opinions sur ce sujet, insiste surtout sur les récentes expériences de Carl Sachs (1874), qui lui paraissent mettre hors de doute l’existence d’un sens musculaire spécial.
Ceci admis, comment les changements causés dans un muscle par l’innervation motrice excitent-ils ses fibres sensitives ? Par suite de la contraction, le muscle diminue de longueur (quelquefois des 3/5), en même temps qu’il se gonfle ; « si cette forme d’irritation est la donnée immédiate de la sensation consciente de mouvement, il faut : ou bien que celle-ci, d’une dimension de l’espace, infère l’autre ; du gonflement du muscle, le mouvement de la jambe ; — ou bien que la différence entre l’aspect psychique et l’aspect nerveux contienne en germe la différence entre une dimension de l’espace et l’autre très-amplifiée. » Tels sont les facteurs psychophysiques de ce que l’on peut appeler le premier sens musculaire. C’est à ces modifications nerveuses que nous devons ce que Bain a appelé « the sense of range », le sentiment de l’ampleur ou de l’étendue d’un mouvement.
Le second sens musculaire consiste dans la faculté que nous avons de discerner des poids, faculté qui est si remarquable par exemple chez les employés des postes. Si le premier sens musculaire nous fournit les données pour la perception de l’espace vide, le second rend possible la connaissance de la matière comme occupant un espace, comme résistant et agissant.