Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
tannery. — essais sur le syllogisme.

RI. Partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon précipite en bleu par le prussiate jaune de potasse.
I. Donc partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon est du fer.

Quant aux modes négatifs de la première figure, celarent et ferio, ils se substituent naturellement aux modes de la seconde figure, dès que l’on a pris l’habitude de donner aux métaux dans les majeures la place du prédicat. Mais on ne conclut rien, pour cela, qu’on n’eût pu conclure auparavant dans la deuxième figure en cesare ou en festino, les propositions universelles négatives restant telles par la conversion. Il suffit à cet égard de comparer l’exemple suivant avec celui du syllogisme en festino que nous avons donné plus haut :

FE. Tout métal qui précipite par le sel marin n’est pas du fer.
RI. Partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon précipite par le sel marin.
O. Donc partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon n’est pas du fer.

Dès que l’on a, pour chacun des métaux connus, une réaction caractéristique, il est possible de constituer une méthode analytique permettant de déterminer sûrement la nature d’un minerai d’après un ordre de recherches invariable.

Toute méthode analytique procède par division : on commence par essayer un certain réactif ; d’après le résultat, on affirme que le métal dissous appartient en totalité ou en partie à un groupe de métaux dont il présente la réaction (syllogismes en barbara et en darii) ; on l’exclut par là même du groupe ou des groupes présentant la ou les réactions différentes (syllogismes en celarent et en ferio).

On essaye ensuite un second réactif qui permet de diviser de même le groupe pour lequel il y a eu conclusion affirmative, et on continue ainsi de suite jusqu’à la division en métaux particuliers.

Les méthodes analytiques peuvent varier beaucoup, d’après la nature des réactifs choisis ; à cet égard, leurs avantages et leurs inconvénients sont relatifs à la plus ou moins grande facilité et rapidité des opérations ; mais le procédé logique est uniforme.

Il convient d’ailleurs de remarquer que, lorsqu’une méthode est arrivée à sa perfection logique, les majeures affirmatives y sont de véritables définitions ; elles peuvent être converties tout en restant universelles. Ce n’est point le cas pour celle qui entre dans les exemples ci-dessus de barbara et de darii, car, pour que le fer précipite en bleu par le prussiate jaune de potasse, il faut qu’il soit à l’état de peroxyde. Mais il est inutile d’insister sur la nécessité que, dans la méthode de division, les caractères employés puissent réellement servir à la définition des espèces.

La science tend donc à n’employer que des cas considérés logiquement comme spéciaux dans les modes affirmatifs de la première figure ; c’est qu’on y désire toujours la détermination la plus complète. Sous ce