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conséquence logique de l’évolution de la pensée allemande. Mais il proteste sans réserve contre la prétention de cette philosophie à supplanter le christianisme, et attend d’une analyse plus exacte des lois de la pensée et du langage la démonstration d’un spiritualisme ami de la religion.

Schaarschmidt : Zur Geschichte und Kritik des modernen Nominalismus von Meinong (Wien, 1877).

Meinong consacre son étude au problème des notions générales et abstraites. Il expose et critique les théories des divers philosophes sur cette question depuis Locke jusqu’à Stuart Mill, et insiste particulièrement sur Berkeley et surtout sur Hume.

Friederichs : Philosophie und Theologie von Rabus (Erlangen, Deschert, 1876).

Rabus veut déterminer les rapports de la philosophie et de la théologie. Comme Fichte le jeune, il prétend les réconcilier : on peut douter qu’il soit plus heureux que lui dans cette tentative.

VIe livraison.


Baumann : Court exposé de la philosophie de Franz v. Baader.

La philosophie de Baader, pour ceux qui ne la jugent que par une première lecture de ses œuvres ou par l’exposé qu’en font habituellement les historiens même les plus estimés, paraît bien justifier le reproche d’incohérence que lui adresse Zelier. Pourtant, si, au lieu de s’attacher, comme on le fait d’ordinaire, aux ouvrages principaux de ce philosophe, on ne dédaigne pas de s’arrêter à l’étude de ses petits écrits, de ceux qu’il écrivait pour répondre à des critiques et où les nécessités de la polémique lui imposaient l’heureuse nécessité de se borner à l’expression des principes essentiels de sa doctrine, on ne tarde pas à démêler les idées essentielles qui ont dominé sa pensée ; et il n’est plus besoin que d’un peu de réflexion pour découvrir le lien logique qui relie à ces principes du système les considérations multiples qui remplissent et obscurcissent, par leur multitude même, ses grands ouvrages.

C’est au fermenta cognitionis que Baumann s’est adressé de préférence pour reconstruire, dans son enchaînement logique, le système de Baader.

Le principe sur lequel repose toute la philosophie de Baader est la négation directe de la doctrine de Kant. L’homme n’est autonome ni. pour la pensée, ni pour l’action. Il ne fait que se soumettre, que coopérer à l’action d’une puissance supérieure, à l’action divine. Dieu ne se démontre pas : il se fait directement sentir à la pensée et à la volonté par son action même. Ce Dieu est une personne morale, un législateur moral, puisqu’il se manifeste à notre volonté par la loi morale. Quelque étroite que soit l’union de la créature et du Créateur, elle ne laisse pas moins subsister leur distinction substantielle. Baader s’élève aussi