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analyses. — kirchmann. — Katechismus der philosophie.

lement l’activité agissant en elle-même. » Kirchmann soutient qu’alors le mouvement alternatif des organes devient l’essence de la vie, que par conséquent cette définition est formelle ; car ces mouvements ne sont qu’une forme relative.

La notion du monde n’est pas moins difficile à préciser. Pour s’en rendre compte, il faudrait comprendre les rapports du tout avec ses parties. Or, le monde comprend tout ce qui est corporel et spirituel ; étant un tout, il ne peut être divisé, il a également besoin de limites ; et l’homme ne sachant définir l’espace et le temps, ne peut lui en trouver. Kant le considère comme une création de l’esprit humain, et qui n’aurait aucun sens pour des êtres indépendants, affranchis des conditions du temps et de l’espace. Le réalisme admet que le monde est une notion composée d’existences réelles et de formes de rapport ; celles-ci ne sauraient être représentées. Voilà ce qui résout la difficulté du problème des limites.

Mais le réalisme, et avec lui notre auteur, ne sauraient admettre l’éternité ni la contingence de ce monde, ces questions ne pouvant être résolues qu’au moyen d’hypothèses inadmissibles.

Il en est de même des théories sur l’origine et du but du monde ; soit qu’on admette un créateur éternel et tout-puissant, soit, qu’avec l’idéalisme, l’on y substitue une intelligence spirituelle agissant dans les forces cosmiques, ce qui mène au Panthéisme ; soit, qu’avec la philosophie moderne, l’on veuille reconnaître l’action de l’intelligence universelle, c’est-à-dire, l’inconscient qui aurait eu l’idée du monde comme forme de savoir et l’aurait transportée dans l’existence : ces systèmes n’expliquent point l’harmonie des forces. L’auteur n’a rien à dire contre ceux qui désirent voir dans ce monde l’effet du hasard, comme le dernier résultat de plusieurs essais.

Maintenant, pour arriver à la continuité du monde, doit-on croire à une causalité absolue, mécanique, qui suffirait pour chaque circonstance, comme les adversaires de la téléologie ; ou bien, avec Hartmann, croire que l’inconscient se soit associé cette causalité de la continuité du monde, dès que l’idée en a été mûre ? Les religions se rallient à cette explication, ce qui en somme équivaudrait à poser l’insuffisance des causes mécaniques pour bien des phénomènes naturels. Darwin reconnaît lui-même qu’il y a des choses dans ce monde qui ne se déduisent pas tout entières de leurs causes. La difficulté existe dans le nombre énorme de faits que nous avons à examiner et le peu de connaissance que nous possédons de ce qui est sous nos yeux. Kirchmann rejette finalement la téléologie comme purement hypothétique, pour admettre l’opération de causes mécaniques agissant spontanément.

Psychologie[1]. — La psychologie est l’art de se rendre compte des perceptions intérieures de l’esprit. Les sens ne peuvent nous informer de

  1. Katechismus der Philosophie, p. 130, 141.