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penjon. — la métaphysique phénoméniste en angleterre

de bien et de mal, sont encore susceptibles d’une analyse plus profonde que celle dont elles sont le fruit. C’est une analyse subjective plus générale que l’analyse subjective, qui a servi à les former pour en faire le fondement de sciences particulières. Comme il s’agit ici de sciences pratiques, ce n’est plus la sensation avec le temps et l’espace qui se rencontreront au fond de cette nouvelle analyse ; les résultats seront un peu différents, et nous trouverons, comme éléments irréductibles et constitutifs de toutes ces notions morales ou logiques, la volition et le temps.

Mais au-dessus de ces idées ultimes des diverses sciences, contenue en chacune d’elles et les contenant également toutes, la notion d’existence, dans le sens le plus abstrait et le plus général, ne peut être définie que par la philosophie. Les états subjectifs de la conscience existent comme les choses objectives. Celles-ci sont plus près, si l’on peut ainsi parler, de la conscience de l’individu et de la race, au moment où la philosophie commence ; ceux-là, au contraire, les états subjectifs, sont plus près de la conscience de l’un et de l’autre au moment où le sentiment s’éveille. Ce qui est le dernier pour l’analyse est le premier pour la genèse, et réciproquement. Les objets sont déjà formés dans l’esprit quand nous en venons à philosopher : ils sont ainsi antérieurs à la conscience philosophique, mais non à la conscience en général, et l’on a depuis longtemps observé que, pour l’expérience individuelle, la distinction des états subjectifs et des choses objectives ne se fait pas dans le premier âge : l’enfant ne se connaît pas encore comme différent des choses qui l’environnent, ne s’oppose pas comme sujet aux objets. Lorsque cette distinction s’est enfin clairement établie, et que cette double existence est perçue comme doivent être perçus deux termes opposés, le langage permet dé noter ce progrès par des noms différents : on ne confond pas la conscience réfléchie avec la conscience directe, la conscience de soi-même avec la conscience prise simplement.

Le « moment » de la conscience réfléchie, cet acte par lequel nous distinguons l’aspect subjectif de l’aspect objectif des choses, est l’acte propre de la philosophie ; c’est par là qu’elle diffère essentiellement des sciences. Dans les sciences, en effet, la conscience directe s’exerce seule, c’est-à-dire que nous considérons seulement le caractère objectif des choses, comme s’il existait réellement de pareilles choses en dehors et indépendamment de nous.

La philosophie est chargée de trouver, s’il est possible, la réponse à cette question, de toutes la plus générale : Qu’est-ce que l’existence ? Pour elle, si nous voulons déjà hasarder une indication, exister c’est être présent à la conscience ; esse est synonyme de percipi. À tous