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périodiques.Vierteljahrsschrift für philosophie.

contre les partisans de la géométrie à n dimensions les principes de l’esthétique kantienne. « Y a-t-il, dit Kant, d’autres formes d’intuition que le temps et l’espace, d’autres formes d’entendement que les formes de la pensée discursive ou de la connaissance par concepts ? Lors même qu’il en existerait, nous ne pourrions en aucune façon les concevoir et les faire entendre aux autres ; et le pourrions-nous, elles ne seraient d’aucun usage pour la connaissance expérimentale, le seule mode de connaissance par lequel les objets nous soient donnés… L’entendement n’a à exercer son activité synthétique que sur ce qui lui est donné. » Je ne vois pas, dit l’auteur, ce que l’on pourrait ajouter à ces décisives paroles du grand philosophe. Nous avons déjà bien assez à faire de pénétrer la nature du monde dans lequel nous vivons, de l’espace où nous nous mouvons. À quoi bon nous fatiguer à scruter les mystères d’un espace, d’un monde tout à fait imaginaires ?

Avenarius : La question de la philosophie scientifique (2e article), Le directeur de la Revue poursuit dans ce nouvel article, et annonce qu’il achèvera dans un troisième et dernier, la réfutation détaillée et étendue des objections dirigées par Ulrici contre les principes et les tendances de la Vierteteljahrsschirift. Les lecteurs connaissent les adversaires et les doctrines en présence : nous croyons inutile d’entrer dans le détail de la discussion.

Paulsen : Examen de l’édition publiée par Benno Erdmann et enrichie d’un commentaire historique des Prolégomènes de Kant à toute métaphysique future.

Paulsen rend justice à la riche érudition du commentaire que Benno Erdmann a joint à cette édition du texte des Prolégomènes. Mais il maintient contre lui les conclusions de ses propres travaux, en particulier de son Essai sur l’histoire du développement de la théorie kantienne de la connaissance, 1875. Erdmann prétend que le but de la déduction transcendantale des catégories est la justification de l’empirisme ; Paulsen maintient que Kant s’y propose expressément d’établir un rationalisme nouveau, à égale distance du dogmatisme de l’ancienne école et du scepticisme de Berkeley et de Hume. Erdmann croit, en se fondant sur les indications de la célèbre lettre à Marcus Herz, qu’il faut reculer jusqu’à 1772 l’éveil du génie critique et la transformation définitive de la pensée de Kant ; Paulsen soutient que cette évolution date de 1769, et que la dissertation inaugurale de 1870 en contient le premier et décisif témoignage. Nous avouons, par notre compte, nous rallier à l’opinion de Paulsen. Quoi qu’il en soit, l’étude de Benno Erdmann, comme ses autres écrits, fait honneur à la sagacité critique du jeune auteur et mérite de tenir une place importante parmi les récentes productions de ce que l’on appelle en Allemagne la littérature kantienne.