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4e  livraison.

Schneider : Pourquoi remarquons-nous plus facilement les objets qui sont légèrement en mouvement que ceux qui demeurent immobiles ?

L’auteur emprunte à l’observation de l’homme et des animaux les faits qui justifient son observation ; c’est aux théories psycho-physiques de Weber et surtout de Fechner qu’il en demande l’explication. « S’il s’agit, par exemple, de remarquer une ombre faible, tout dépend du rapport des deux intensités de lumière, et il n’est question que de la perception d’une différence. Les recherches classiques de Fechner ont mis ces rapports en une telle lumière, qu’il est inutile d’y insister. Plus donc est grande la différence relative des deux intensités, plus aussi l’ombre est apparente ; moins cette différence est sensible, moins la perception de l’ombre est facile. Quand les parties du corps demeurent en repos, on ne perçoit qu’une différence d’intensité simultanée ; si elles sont en mouvement, la différence d’intensité devient successive, en même temps que la différence simultanée persiste. La différence se manifeste donc nécessairement sous une double forme, et, puisqu’elle est perçue sous chacune d’elles, la conscience la saisit comme si elle était deux fois plus sensible. »

Vaihinger : La loi de développement de nos représentations du réel (2e  article). Aux systèmes énumérés précédemment et dont les représentants dans l’histoire sont assez connus, s’opposent assez bien ceux qui séparent les sensations du sujet et les transportent aux objets, comme le réalisme naïf ; ou qui, dans les objets, distinguent et dérivent les qualités secondes des premières, et ne voient dans la réalité que des corpuscules différant seulement par l’étendue, la forme, la densité, etc. ; ou enfin qui réduisent les corps à des atomes sans étendue, sans qualité, absolument simples, que rien ne distingue du néant. Il est également impossible, quel que soit celui de ces systèmes que l’on adopte, de faire sortir l’explication de la réalité concrète d’une hypothèse abstraite. « Le réel ne doit être cherché ni dans l’absolu ni dans les « atomes, mais dans les faits de l’expérience pure. » Après Locke, Hume et Kant, il est temps de renoncer à prendre le système de nos concepts pour le système des choses. Ni les atomes ni les idées n’expliquent la réalité : non pas qu’il faille méconnaître la valeur pratique, morale des secondes, la valeur scientifique des premiers. Lorsqu’il s’agit d’expliquer la réalité, la philosophie vraiment scientifique ne connaît que les données de la sensation : elle est positiviste.

Weissenhorn : Des nouvelles théories sur l’espace et les axiomes géométriques (3e  et dernier article). L’auteur continue de défendre