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périodiques.Vierteljahrsschrift für philosophie.

sente sur ce sujet. La pensée part de la sensation, que le positivisme de Hume, de Comte, de Mill et de leurs disciples persiste, à la suite de l’antique Protagoras, à regarder comme l’unique réalité ; cherche, avec le vulgaire, à échapper à la mobilité de la sensation par l’hypothèse de substances individuelles, le moi, les choses ; s’élève avec Platon jusqu’à la conception de types spécifiques, d’idées qui persistent immortelles à travers la mobilité des êtres changeants et finis ; monte encore plus haut avec Spinoza jusqu’à la conception de l’absolu, de l’être indéterminé en qui elle espère voir s’évanouir l’imperfection avec la diversité ; et finit par s’apercevoir que sous cet ens realissimum elle n’a saisi que la plus vide des abstractions et n’a atteint que le néant.

Weissenhorn : Les nouvelles idées sur l’espace et les axiomes géométriques. L’auteur continue son intéressante discussion des thèses de Riemann et d’Helmholtz. Il soutient avec Kant le caractère essentiellement intuitif des conceptions mathématiques, et ne voit que des abstractions logiques, sans rapport avec la réalité empirique, dans les hypothèses de la géométrie non-euclidienne.

Horwicz : Examen du livre de Léon Dumont : Le plaisir et la douleur. Bornons-nous à citer la conclusion de l’étude consciencieuse et approfondie que Horwicz consacre à cet important ouvrage de notre regrettable ami ; la Revue s’en est déjà souvent occupé. « Ce livre contient un grand nombre d’observations justes et neuves, de vues originales qui lui assurent une valeur durable et en font une des conquêtes les plus incontestables de la psychologie scientifique. »

Wundt : Examen d’un essai de Kussmaul sur les troubles du langage. Paru dans le Dictionnaire de pathologie et de thérapeutique de Ziemssen (Leipzig, 1877). Wundt fait le plus grand éloge de cette étude de Kussmaul, qu’il n’hésite pas à présenter comme un modèle de monographie psychologique. La science du physiologiste, l’expérience du clinicien, l’érudition du linguiste, le tact du psychologue, tout s’y trouve réuni. Toutes les fois qu’il le peut, l’auteur éclaire l’analyse des troubles pathologiques par l’étude des phénomènes de la vie normale. « Nous voyons ici la faculté du langage décomposée sous nos yeux en ses éléments simples. Aucun psychologue n’avait soupçonné jusqu’ici que la parole et récriture, qui semblent si étroitement associées, sont si entièrement séparables l’une de l’autre ; que l’un de ces systèmes de signes peut être entièrement supprimé pour l’esprit, pendant que l’autre persiste encore. Combien de faits d’expérience quotidienne, et qui passent inaperçus, reçoivent une lumière inattendue de l’observation pathologique, qui nous les représente seulement plus accusés. »