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tiflques, philosophiques, poétiques, dont il grossit au hasard ses volumes, sans même s’apercevoir de ses redites multipliées. Quel que soit d’ailleurs le jugement que l’on porte sur l’ensemble de son œuvre et malgré les intempérances de langage et d’imagination qui la déparent, on ne peut s’empêcher d’y prendre un vif intérêt, et de rendre justice à l’esprit synthétique et à la sincérité absolue de l’auteur.

E. Bouty.


Vincenzo di Giovanni. Principii di filosofia prima. Palermo, Salvatore Biondo, 1878.

La Revue philosophique, dans sa livraison d’avril 1878, a rendu compte d’un ouvrage de M. di Giovanni, intitulé Prelezioni di filosofia. Cet ouvrage avait été détaché d’un cours complet de philosophie publié en 1863, dont il formait le préambule. L’auteur, en le publiant à part, y avait ajouté quelques-uns de ses nombreux opuscules philosophiques, de 1863 à 1877. Il nous donne aujourd’hui une seconde édition de l’ouvrage principal, entièrement refondue et enrichie de développements nouveaux. La première édition n’avait que deux volumes ; la seconde en a trois, malgré le retranchement des Prelezioni.

Ces Principes de philosophie première peuvent surtout nous intéresser comme exprimant l’état actuel d’une des grandes doctrines métaphysiques pour lesquelles s’est passionnée la pensée italienne dans la première moitié de ce siècle : la doctrine de Gioberti. On sait que l’Italie a eu, comme l’Allemagne, sa série de systèmes, embrassant toutes les parties du savoir humain et aspirant à donner une explication universelle des choses. Le temps est passé de ces constructions toutes d’une pièce, élevées par les Rosmini, les Gioberti, les Mamiani, comme par les Schelling et les Hegel. L’esprit contemporain en Allemagne et en Italie, comme en Angleterre et en France, a « quitté le long espoir et les vastes pensées ». Il est devenu positif, alors même qu’il répugne à la philosophie positive. Il n’a pas renoncé aux hypothèses et aux systèmes, mais il veut à leur base et dans tous leurs développements des faits exactement observés et susceptibles d’une vérification constante. Le dernier survivant des grands penseurs italiens, le vénérable M. Mamiani, a seul conservé son influence, parce que, tout en restant fidèle à ses premières conceptions métaphysiques, il a su se renouveler et se transformer sans cesse, en tenant compte des besoins nouveaux que manifestaient les intelligences et en apportant dans toutes les questions un esprit de sage critique et le respect de l’expérience. L’école idéaliste italienne, dont il est resté le chef, ressemble beaucoup à notre école spiritualiste française, telle qu’elle se maintient aujourd’hui, attestant sa vitalité non par l’édification de nouveaux systèmes, mais par d’excellents travaux de détail sur des points d’histoire ou de doctrine.