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analyses. — liard. Logiciens anglais contemporains.

Louis Liard, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Bordeaux. Les Logiciens anglais contemporains, 1 vol. in-18 de la Bibliothèque de philosophie contemporaine. — Paris, Germer Baillière, 1878 ; 177 pages.

L’auteur s’est proposé de faire un livre utile, d’exposition, non de critique. Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié ses articles sur la logique de M. Stanley Jevons[1] et sur celle de Boole[2], ils savent qu’il était capable de mener à bien l’une ou l’autre tâche. En tout cas, il nous paraît avoir pleinement atteint son but, en comblant les lacunes des publications françaises sur les systèmes de logique parus en Angleterre depuis le commencement du siècle et en présentant de ces systèmes un tableau complet et fidèle.

Les chapitres consacrés à Stanley Jevons et à Boole sont naturellement les derniers ; il est inutile que nous en parlions ; nous nous contenterons de faire remarquer que, pour le premier de ces auteurs en particulier, l’article de la Revue est profondément remanié, et que la description de la « machine logique » remplace les pages occupées par la critique du système.

Des autres représentants de l’école déductive, Hamilton est suffisamment connu parmi nous depuis la traduction de M. Peisse. Mais il semble que ce soit à tort qu’on lui attribue l’invention de la théorie de la quantification du prédicat. Les principes de cette théorie sont nettement posés, au moins pour les propositions affirmatives, dans un passage que reproduit M. Liard (p. 39-40) d’un ouvrage de George Bentham, publié en 1827. Le premier article où Hamilton se soit appuyé sur ces principes n’a paru qu’en 1833, et, pour leur extension aux propositions négatives, la question de priorité peut rester douteuse entre Morgan et lui.

L’étude sur les doctrines d’Hamilton est au reste faite avec autant de talent que de conscience. La tâche présentait ses difficultés spéciales, car, comme le fait remarquer M. Liard, ces théories n’ont jamais été développées par leur auteur d’une façon complète et suivie. « Il est donc difficile de démêler la pensée définitive d’Hamilton et de l’exposer avec cette rigueur systématique qu’il se flattait d’avoir le premier introduit en logique. »

Morgan, mathématicien comme Boole, développait en même temps qu’Hamilton et parallèlement à lui, dans une direction indépendante, le même principe fondamental. Mais il est beaucoup moins connu, peut-être parce qu’on ne peut guère « caractériser d’une façon générale sa logique ; elle abonde en vues de détail, souvent exactes, toujours ingénieuses ; mais quelle est au juste la conception d’ensemble, qui en serait lame et le lien ?… Son système hérissé de notations variées… surchargé de distinctions verbales, divisé et subdivisé à

  1. Revue philosophique, tome III, p. 277.
  2. Revue philosophique, tome IV, p. 285.