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pouchet. — note sur le sens musculaire

ments des muscles de l’épaule et du bras. De même si l’écrivain doit se servir d’une seule main, la phrase ne sera correcte qu’à la condition qu’il regarde le clavier. On peut, on le voit, varier à l’infini ce genre de recherches, essayer l’influence des courants continus sur les abducteurs ou les adducteurs du bras ; rechercher l’influence possible de la vision indirecte en faisant fixer à l’écrivain des points variables de l’horoptère, etc., etc. Nous ne faisons qu’indiquer ces conditions diverses d’expérimentation.

Du petit nombre d’expériences que nous avons faites, pour juger le procédé plutôt que pour arriver à des résultats précis, il nous a paru que le fait suivant se dégage : il semblerait à priori que sous une influence perturbatrice quelconque, l’écrivain étant debout par exemple avec les yeux fermés, les erreurs successivement commises vont s’ajouter, en sorte que la fin de la phrase sera toujours beaucoup plus incorrecte que le début. Il n’en est pas ainsi. Après un certain nombre d’erreurs de même sens et de même valeur (qui sont la conséquence les unes des autres), l’écrivain retombe juste sur la lettre voulue en commettant une erreur relative de sens contraire, qui compense les autres et le remet en bon chemin. On pourrait formuler le phénomène qui se passe alors en disant que l’écrivain garde inconsciemment la notion de la place absolue (par rapport à lui) de certaines touches et que cette notion intervenant à certains moments domine celle de la situation relative des touches les unes par rapport aux autres.

Nous répétons que nous avons voulu beaucoup moins réaliser des expériences précisés avec le type-writer que montrer comment il peut rendre d’importants services dans l’étude du sens musculaire. Nous nous proposons de revenir prochainement et avec plus de détails sur ce sujet.

Dr G. Pouchet.