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LE PROBLÈME PHYSIOLOGIQUE DE LA VIE



I. Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, par Claude Bernard. Paris, 1878. — II. La Vic. Études et problèmes de biologie générale, par E. Chauffard, 1878.


On ne reprochera plus aux hommes de science de notre temps une indifférence exagérée pour les vues générales. Voici en effet deux ouvrages, publiés à quelques jours d’intervalle, où se trouvent exposés et discutés les problèmes fondamentaux de la physiologie. Si les noms des auteurs n’indiquaient par avance la tendance propre de chaque œuvre et l’esprit qui l’anime, le lecteur n’aurait pas besoin d’un long examen pour être éclairé à cet égard. Qu’il ouvre l’un et l’autre livre, et les premières lignes suffiront à le renseigner.

Dès le début de son introduction, M. Chauffard s’exprime ainsi :

« La notion du sujet est, en toute science, la notion première à déterminer. Savoir ce qu’est la vie ne doit-il pas être notre constante préoccupation ?… Les phénomènes ne sont compris que dans leurs causes réelles ; toute notre doctrine se réduit à comprendre les phénomènes vitaux par et dans la cause vivante. »

La notion de, la vie, dit au contraire Claude Bernard, est la notion dernière qui puisse être déterminée. Elle n’est point placée au seuil de la science, mais à son terme, comme un idéal inaccessible. Les conditions des choses sont tout ce que nous en pouvons Connaître, et l’ambition de la science ne va qu’à saisir les rapports entre les phénomènes et leurs conditions, c’est-à-dire la seule et vraie causalité immédiate, réelle et accessible.

On prévoit immédiatement dans quel ordre d’idées va nous entraîner chacun de nos guides. Avec Claude Bernard, nous resterons dans la physiologie proprement dite ; nous serons cantonnés dans le domaine de la science, et, si nous allons jusqu’aux limites de ce domaine, ce sera pour apprendre à les respecter et non pas à les franchir. « La physiologie, dit-il, doit se débarrasser du bagage