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l’on a enlevé les hémisphères. — Tantôt enfin, de la racine postérieure, il remonte dans la moelle allongée, puis dans les ganglions de la base, puis dans l’écorce cérébrale, pour descendre de là dans les ganglions de la base, puis dans la moelle allongée, puis dans la racine antérieure, en compagnie d’autres courants qu’une de ses branches collatérales ascendantes a déterminés dans le cervelet et qui redescendent en même temps que lui pour aboutir à d’autres racines postérieures ; c’est le cas des animaux intacts et sains.

Courant direct, ou courant à un, deux, trois intermédiaires, courant simple ou à branches multiples, il n’y a là évidemment que des actions réflexes. — En quoi consiste une action réflexe ? Une onde de changement moléculaire se propage le long d’un filet nerveux avec une vitesse qu’on évalue aujourd’hui à 34 mètres par seconde, si le nerf est sensitif, et à 27 mètres, s’il est moteur. Arrivée à la cellule, cette onde y provoque un changement moléculaire encore plus grand ; nulle part, dans les tissus organisés, l’usure et la réparation ne sont si rapides[1] ; nulle part il ne se produit un travail si actif et un si grand dégagement de force. On peut comparer la cellule à un petit magasin de poudre qui, à chaque excitation du nerf afférent, prend feu, fait explosion et transmet multipliée au nerf efférent l’impulsion qu’il a reçue du nerf afférent. Tel est l’ébranlement nerveux au point de vue mécanique. Au point de vue physique, il est une combustion de la substance nerveuse qui en brûlant dégage de la chaleur[2]. Au point de vue chimique, il est une décomposition de la substance nerveuse qui perd sa graisse phosphorée et sa neurine. Au point de vue physiologique, il est le jeu d’un organe qui, comme tous les organes, s’altère par son propre jeu et, pour fonctionner de nouveau, a besoin d’une réparation sanguine. — Mais, par tous ces points de vue, nous n’atteignons dans l’événement que des caractères abstraits et des effets d’ensemble ; nous ne le saisissons point en lui-même et dans ses détails, tel que nous le verrions si, avec des yeux ou des microscopes plus perçants, nous pouvions le suivre, du commencement à, la fin, à travers tous ses éléments et d’un bout à l’autre de son histoire. À ce point de vue historique et graphique, l’ébranlement de la cellule est certainement un mouvement intérieur de ses molécules, et ce mouvement peut être comparé très-exactement à une figure de danse, où les molécules très-diverses et très-nombreuses, après avoir décrit chacune,

  1. Elles sont environ cinq fois plus rapides que dans la substance blanche (H. Spencer, Principes de psychologie, I, 20).
  2. Luys, du Cerveau, p. 55, 59. Expériences de Lombard et Schiff. Expériences de Byasson.